Tolède et le Greco conférence projection
C’est dans cette ville que l’artiste espagnol a réalisé presque toute sa carrière. La noblesse et le clergé de la ville ont fait confiance en sa peinture essentiellement religieuse. Cette dernière demeure très originale dans un contexte de controverse théologique intense.
La prospérité de Tolède est due à sa situation géographique sur le Tage. Les Romains, puis les Musulmans apprécient sa situation stratégique, dominant le fleuve, du haut d’une colline. A partir de 711 ap JC, la ville échappe progressivement aux Musulmans en faveur des rois Wisigoths. Enfin, en 1085, le roi Alphonse VI se rend maître de la ville et abandonne la ville de Leon pour installer à Tolède sa capitale. Il la dote d’une forteresse, l’Alcazar.
Ces cultures successives, à la fois romaines, juives, musulmanes et catholiques, imprègnent le style des monuments de la ville. Par exemple, la ville abritait au Moyen Age près de 12000 Juifs qui travaillaient dans la vieille ville. Des huit synagogues que possédait jadis la ville, il n’en reste que deux. La première santa Maria la Blanca est devenue une église, après l’expulsion des Juifs. La seconde, El Transito, est devenue un musée. Alphonse VIII et Alphonse X le Sage dotent aussi la ville d’une enceinte aux murs crénelés qui résisteront aux assauts des musulmans. Par ailleurs, ils font de cette ville la capitale de la Castille .
Durant le Moyen Age, de nombreux monuments chrétiens sont élevés. A commencer par la cathédrale. L’édifice entrepris en 1225 remplace plusieurs édifices dont le premier remonte au Vème siècle. Puis, les Franciscains construisent le couvent de Los Reyes. Son style, qui mêle le gothique international avec l’art mudéjar, est typique du style isabelin. Enfin, sous le règne de Jeanne la Folle, en 1471, est la ville la plus puissante de Castille. C’est pourquoi Charles Quint y installe le siège de sa Cour.
L’immense empire espagnol est à l’époque bureaucratique et géré à distance. Un nombre considérable de notes administratives et factures l’attestent. De ce fait, toute une noblesse s’est installée à la Cour de Tolède . Ce sont des marchands, mais aussi des nobles attachés au roi, qui tiennent de très hautes charges administratives. En 1556, son fils Philippe II lui succède. Ses principales tâches sont de maîtriser la volonté de sécession des Pays-bas du nord et de freiner l’expansion des idées de la Réforme dans ses terres.
Dans ce cadre, les arts vont devenir un moyen de propagande non seulement de l’Église mais aussi de la Monarchie. Aussi, les commanditaires seront tout autant le roi et la noblesse, que les ordres religieux de la ville.
Tolède et le Greco
Domenikos Theotokopoulos, né en 1541 en Crète a appris la peinture à Venise , en pleine apogée du maniérisme. Aussi, il a pu admirer les corps bleutés et allongés du Véronèse, et les drapés prestigieux du Titien. Dans l’espoir de plaire à la Couronne d’Espagne qui a longtemps été l’un des clients les plus importants du Titien, il arrive à Tolède en 1577.
Si Philippe II d’Espagne a délaissé Tolède en 1561, pour transférer la capitale à Tolède , la ville castillane abrite encore de nombreux Grands d’Espagne. Grâce à son amitié avec Luis de Castilla, le fils du recteur de la cathédrale, le Greco reçoit sa première commande pour le couvent santo Domingo avec trois grands retables. IL n’en reste que trois tableaux, le Baptême du Christ, saint Jean Baptiste et saint Jean l’Evangéliste. Puis il travaille pour l’hôpital Tavera qui lui commande aussi un Baptême du Christ. En effet, depuis qu’il a peint l’Espolio entre 1577 et 1579, le Greco a acquis une grande réputation pour le dynamisme de ses compositions et l’allongement de ses formes. Aussi s’attire-t’il l’amitié du recteur de l’hôpital Tavera, Salazar de Mendoza, qui lui commandera une vue de Tolède.
L’attachement de l’élite à la ville de Tolède est l’une des raisons de cette commande. L’artiste juxtapose deux formes de représentations. L’une adopte les formes de la perspective linéaire. L’autre est une carte qui montre le plan de la ville. Sur le côté, un personnage doré est une allégorie du Tage, le fleuve. Au-dessus de Tolède plane la figure bienveillante de la madone. Ce n’est pas la seule vue de Tolède que le peintre réalisera de cette ville.
Alors que commencent ses différents avec le roi qui n’adhère pas à son style et à l’iconographie qu’il utilise dans sa peinture, Le Greco continue à peindre pour les Grands d’Espagne qui résident à Tolède.
La toile la plus connue est L’enterrement du comte d’Orgaz , le dernier représentant de cette dynastie d’Hidalgo, qui lui commanda cette œuvre pour l’offrir à sa paroisse. On y voit la dépouille du comte retenue par deux personnages. Eux-mêmes sont entourés de très nombreux personnages parmi lesquels l’artiste s’est figuré lui-même. On reconnaît aussi les amis du peintre, philosophes et hommes de lettres. En effet, jusqu’à la fin de sa vie, le Greco sera entouré des philosophes et humanistes de Tolède. Parmi eux, on peut citer Luis de Gongora, Fray Hortensio Felix de Paravicino, dont il peindra le portrait vers 1610.
Tolède et le Greco conférence projection disponible pour les groupes tous les jours.