Tamara de Lempicka. Cette artiste hors du commun est une figure de la femme émancipée des années 30. Séparée de son mari et acculée à gagner sa vie, elle choisit la peinture et devient renommée. Tout en étant une des figures stars de la peinture Art Déco, elle montre aussi son émancipation sexuelle en choisissant des thèmes saphistes.
Tamara de Lempicka naît en Pologne en 1898 et s’installe à Saint-Pétersbourg en 1914. C’est là qu’elle rencontre Tadeuz Lempicki, avocat russe qu’elle épousera en 1916. La Révolution fait fuir la couple qui s’installe à Paris. Mais Tadeuz refuse d’abandonner sa vie privilégiée de collectionneur et rentier. Cela pousse Tamara à prendre ses distances et gagner sa vie. Elle choisit la peinture.
On ne connaît pas grand chose de sa formation d’autant qu’elle brouille elle-même les cartes. Une chose est sûre, c’est qu’elle rejoint à Montparnasse l’atelier d’André Lhote. Marquée par le cubisme, ses portraits et ses nus portent une empreinte singulière dans la veine du style Art Déco. Le succès ne tarde pas, et elle immortalise la Bohème parisienne de son temps tels André Gide ou Suzy Solidor et surtout Gabrielle d’Annunzio. Par ailleurs, elle fréquente Paul Poiret et Georges Braque .
En 1928, après son divorce, elle réalise son premier voyage à New York. En effet, son style plaît à une certaine clientèle américaine. Elle réalise le portrait de la fiancée d’un riche américain, Rufus Bush. Elle réalisera aussi plusieurs autres tableaux dont d’intéressantes études de gratte-ciel. Et dans ce cadre du développement du style Art Déco, Tamara de Lempicka a toute sa place. En effet, l’artiste entretient ses relations avec la forme cubique et les dégradés monochromes. Elle y mêle aussi des connotations sensuelles et érotiques qui en choquent plus d’un mais qui passent pour d’autres pour une forme de modernité.
Dans ce cadre, la figure de la garçonne, cheveux courts fumant cigarette, devient une image phare de l’artiste émancipée. Tamara de Lempicka s’en servira beaucoup, d’autant qu’elle ne cachera plus son homosexualité.
Ces nus féminins aux chairs en céramique sont tout de suite reconnue. C’est le cas de la Belle Rafaela nue, exposée au Salon de 1927. La toile suscita un grand intérêt par la technique et par la manière réaliste de traiter les chairs vieillissantes.
Par ailleurs, les rapports entre Tamara de Lempicka et la mode ont toujours été importants. Par exemple, on s’aperçoit que certaines de ses aquarelles et peintures sont issues de la mode. Si ça n’est pas le cas, ses portraits sont tous imprégnés de sophistication extrêmes et de grande élégance, chers au monde de la mode. C’est pour cela que les gammes chromatiques de l’artiste sont aussi elles-mêmes très élaborées.
A Paris, Lempicka se crée un roman, celui qui associe la Bohème de la Montparnasse et la splendeur cosmopolite des commanditaires riches. Ainsi, dans les années 40, elle élabore une politique de communication de grande modernité en créant le personnage de Suzanne. Elle est aussi l’égérie de ses amies artistes comme Suzy Solidor et Colette. Elle est aussi très proche du poète Gabrielle d’Annunzio.
Pour autant, ses portraits qui dégagent une envie de richesse et d’élégance racontent par moment une humanité différente. On y voit des vierges et des mendiants, des êtres vaincus, humiliés, ravagés..
Mais cette veine là ainsi que ses natures mortes ne plaisent pas et en 1960 son exposition chez Alexandre Iolas est un échec. Elle décédera en 1980 au Mexique, quasiment dans l’oubli. Ses œuvres aujourd’hui se vendent à prix d’or.