Rosalba Carriera une pastelliste vénitienne à Paris. Cette artiste réalisa le portrait du Tout Paris sous la Régence et le règne de Louis XV. Elle lança aussi la mode de ces portraits vaporeux et gracieux qu’elle réalisait avec un immense talent. Recherchée par toutes les cours européennes, elle travailla sans relâche et fut élue à l’Académie de Peinture de Paris en 1720.
Rosalba Carriera naît à Chiogga en 1673. Son père est fonctionnaire et sa mère est brodeuse. C’est elle qui initiera ses trois filles dont Rosalba, au métier de la broderie. Toutes trois possèdent une solide culture de l’Antiquité mais aussi de la musique et de la poésie. Elles deviendront toutes les trois artistes. Selon Mariette, Rosalba se met à la peinture à la suite de sa rencontre avec le peintre Jean Steve. Elle décore alors des tabatières dont raffolent les voyageurs étrangers présents à Venise.
En 1703, elle entre dans l’atelier de Giuseppe Diamantini et apprend la technique du pastel. Elle se familiarise sans difficultés avec cet art. Son dessin est sûr, rapide et souple, ses matières sont veloutées et légères. De plus, elle a un talent fou à capter la psychologie du modèle. Si bien que dans cette ville cosmopolite qu’est Venise, sa réputation grandit de jour en jour et gagne ensuite toute l’Europe.
Ainsi, dès 1709, elle reçoit plusieurs commandes dont la plus spectaculaire est celle du roi du Danemark en 1709, qui lui commande 12 miniatures. En 1715, le chancelier Crozat lui rend visite et lui propose de se rendre à Paris. Mais elle reste encore en Italie et entre à l’Académie saint Luc de Bologne puis à celle de Rome.
En 1720, lorsqu’elle arrive à Paris, sa réputation n’est plus à faire. Et elle devient la portraitiste à la mode dans une capitale qui ne connaît pas bien l’art du pastel. Elle rencontre les peintres Quentin de la Tour , qui l’admire, ainsi que Antoine Watteau . Elle lance la mode des portraits au pastel dans laquelle elle excelle. Si bien que son ami Antoine Coypel la fait élire à l’Académie Royale de peinture en 1720. Elle y restera 37 ans.
Elle réside alors chez Crozat et rencontre le Tout Paris qu’elle enchante en jouant aussi du violon. De ce fait elle est introduite auprès de la Cour et réalise le portrait du dauphin futur Louis XV âgé de 10 ans. Suivent une série de nombreux portraits de dames de la Cour. Elle est même accablée de commandes et fait des jaloux chez les clients qu’elle ne peut satisfaire. Elle est aussi appelée dans d’autres cours d’Europe. En effet, en 1723, elle est à Modène pour réaliser les portraits de la famille d’Este. En 1730, elle part à Vienne pour réaliser le portrait de l’impératrice Amélie et celui de Marie Thérèse .
La grâce de son style et les effets vaporeux des carnations sont à l’opposé des effets de la peinture à l’huile. Ce qui est sans doute la raison de son immense succès. Par ailleurs l’acuité psychologique de ses portraits, teintée de distinction et de grâce convient tout à fait au goût de son temps. Son style est si talentueux que ses contemporains l’admirent et n’ont aucune amertume face à son succès. Rigaud lui fait cadeau d’un recueil de portraits. Le pastelliste Vivien, Charles de La Fosse, les peintres Hyacinthe Rigaud et Largillière étaient aussi de ses amis.
En 1746, elle est atteinte de cataracte et perd progressivement la vue. En 1749, elle se fait opérer mais perd définitivement la vue. Elle décède le 15 avril 1757.