Renoir, maître impressionniste. Cet éternel chercheur de la peinture moderne a traité des sujets de plein-air, des portraits, des nus et de magnifiques natures mortes. Sa touche fluide et légère a toujours su capter la lumière et la couleur pour rendre vibrantes ses toiles. Ami de Monet, Degas, Sisley, Renoir a été l’un des pionniers de l’impressionnisme.
Né à Limoges en 1841, Renoir a très vite montré des talents de dessinateur. Cela pousse ses parents à le placer à l’âge de 5 ans dans un atelier de peinture sur porcelaine. Il y apprend très vite l’art de la couleur, de la composition, de la cuisson et des pigments. Mais son départ à Paris et son intégration dans l’atelier Gleyre lui apprendra tout de la peinture. Il y rencontre en 1862, Sisley, Monet et Frédéric Bazille avec qui il partagera un atelier. Les artistes qui fréquentent cet atelier son libérés du carcan des Beaux-Arts. En effet, ils peignent librement sur des sujets de plein air. C’est du reste leur seule préoccupation : faire jouer la lumière sur les arbres et les fleurs.
Le dimanche, les artistes fuient Paris en travaux et se retrouvent en bord de Seine, à la Grenouillère. Monet et Renoir peignent côte à côte des silhouettes sur un fond de paysage lumineux. La lumière dénature les robes de femmes, les fleurs changent de couleur, l’eau miroitent de drôles de reflets. Les uns sont des mouvements dus à l’activité des canoës, les autres au trafic des bateaux, les derniers, aux tons lumineux d’un soleil qui change. Mais cette peinture n’est pas du ton des acheteurs. En effet, une bourgeoisie attachée à l’esthétique classique d’une peinture mélangée sur la palette et peinte en aplat n’accepte pas cette esthétique. Renoir et Monet partagent une amitié liée à la connivence esthétique mais aussi à la précarité.
Pour autant le marchand Durand-Ruel achète des toiles de Renoir en 1872 et le peintre participe à la rétrospective impressionniste de 1874. Cette dernière a de grandes retombées sur leur notoriété mais pas sur leur art. Renoir rencontre Aline Charigot qui deviendra son épouse. Il fondera un foyer qu’il devra nourrir. Aussi le dilemme est grand, entre le projet artistique et la réalité financière. Renoir saura toujours passer outre ce tiraillement, à force de travail et de réflexion sur son art.
C’est ainsi que Renoir multiplie les portraits de femmes et d’enfants qui flattent les commanditaires par des couleurs suaves et des robes bien retouchées. La critique lui reprochera longtemps cette manière. Pour autant, Renoir ne délaisse pas les grandes compositions pour représenter des scènes de la vie parisienne. Leur format dévolu naturellement à la peinture d’histoire défraie la chronique mais permet à Renoir d’entrer dans la modernité.
Les Berard, les Charpentier ou les Durand-Ruel seront autant de commanditaires qui sauveront le quotidien de Renoir et sa façon de peindre. Ils lui permettront de peindre les bords de Seine avec les lumières du fleuve changeant miroités sur le chapeau des canotiers. Ils lui permettront aussi de partir en Algérie peindre la végétation exotique. Mais les vues de Venise et Rome l’inspireront aussi. Renoir qui redécouvre les toiles de Raphaël est si secoué qu’il en recouvre une peinture classique tiré des nus du Titien.
C’est ainsi qu’en 1884, le peintre réalisera d’admirables Baigneuses dont on ne sait si elles sont tirées des laveuses de Montmartre ou des Vénus du Titien.
En 1907, atteint d’arthrite aux mains, il éprouve des difficultés à tenir son pinceau. Il achète alors une maison au Cannet où il cultive un jardin délicieux dont la végétation rappelle ses champs d’oliveraie qu’il peignait jadis. Ce lieu deviendra ensuite le lieu de ralliement de tous les peintres modernes de la génération suivante. Ainsi se succéderont, Bonnard, Matisse, Modigliani pour venir rencontrer ce maître exceptionnel.
Renoir s’éteint dans sa propriété du Cannet le 2 décembre 1919 laissant derrière lui une œuvre immense.