Promenade Guimard à Paris. Cette visite guidée vous conduira sur les lieux où ce grand architecte de l’Art Nouveau à réalisé ses plus belles œuvres. Aux abords des les apprentis d’Auteuil nous découvrirons Castel Béranger et l’hôtel Mezzara. Puis nous admirerons les réalisations de la rue Agar et La Fontaine. D’autres hôtels 1900 vous seront dévoilés ainsi que le répertoire décoratif de l’Art Nouveau à Paris. Là foisonnent la dynamique de la courbe et les décors floraux, sur les portes, les balcons et leurs ferronneries.
Il serait une erreur de limiter l’art d’Hector Guimard à Paris aux pavillons des stations de métro. De nombreux hôtels particuliers signés de sa main existent encore dans le XVIe arrondissement. Ils confirment que Guimard fut aussi un grand architecte et l’un des grands représentants de l’Art Nouveau.
Né à Lyon en 1867, Hector Guimard intègre l’école des Beaux Arts de Paris en 1885. Là, il découvre les théories de Viollet-le-Duc à travers l’enseignement de Gustave Raulin. En effet, les ouvrages de Viollet-le-Duc préconisent de débarrasser l’architecture du néo-gothique pour la faire avancer grâce, par exemple, à l’utilisation de matériaux nouveaux. Ainsi, l’usage du fer ou de l’acier le rend plus fonctionnel. C’est ce qu’il appliquera notamment pour l’école du Sacré Coeur dans le XVe arrondissement, où il établira un pilier en fonte en forme de V au rez-de-chaussée, pour libérer la surface au sol et créer un préau. Il reprend ainsi exactement les théories de Viollet-le-Duc.
Ayant obtenu une bourse, il voyage en Hollande, en Écosse et dans les Flandres. Son voyage à Bruxelles en 1896 et la découverte de la maison Tassel de Victor Horta, achevée en 1894, l’influence considérablement. Les deux hommes se rencontrent et Horta lui avoue préférer la tige à la fleur comme motif ornemental. L’architecte belge fait partie d’un mouvement utopiste et socialiste qui pense que l’art doit être populaire, et doit pénétrer dans les décors intérieurs et les objets du quotidien
Emballé, Guimard applique cette théorie à la rationalité fonctionnelle de Viollet-le-Duc. Ainsi, il ajoute un décor nouveau avec un sens inné de la courbe et du « coup de fouet ». L’inspiration florale est la source principale de son art. Il utilise de nouveau matériaux comme la fonte ou la lave et la céramique.
Or la fonte de fer avait un caractère pâteux qui ne permettait pas le moulage, mais facilitait l’étirement des structures de façon à leur donner la forme qu’on voulait: une tige ou une antenne d’insecte. En 1895, il rencontre Amélie Clothilde Carpeaux qui l’introduit sans doute dans la bourgeoisie locale d’Auteuil et de Passy. C’est ainsi qu’il rencontre de nouveaux commanditaires qui vont lui permettre de décorer ses œuvres avec un nouveau langage.
Ses premières réalisations que sont l’hôtel Roszé au 34 rue Boileau en 1891, la villa Jassedé en 1893 et l’hôtel Carpeaux au 39 bd Exelmans sont d’une grande nouveauté.
Mais ce qui lui donnera la notoriété sera le Castel Béranger. Situé au 14 rue La Fontaine dans la quartier d’Auteuil Guimard le réalise en 1898. Puis, il se voit confier les station du métropolitain par la Ville de Paris. Dans ces deux premières réalisations, il utilise la brique et la fonte qu’il tourne de manière harmonieuse en s’inspirant des nervures de feuilles, des tiges et des antennes de libellule.
Au fil de ses constructions, Guimard affine son style. En réaction au style éclectique de l’époque Napoléon III, un courant artistique s’était formé à Paris, à la suite de Bruxelles et Londres. Guimard en fait partie, aux côtés d’Émile Gallé, Lalique, Lavirotte ou Grasset. Pour renouveler cet art l’inspiration de la nature est la plus forte. Les artistes y trouvent de nouvelles formes dans les fleurs, les plantes, les arbres et les insectes. Mais ils les imaginent aussi dans un espace harmonieux fait de courbes et de contrecourbes. Certains, sous influence japonaise, cultivent l’asymétrie. Enfin, Guimard envisage l’Art Nouveau comme un art total qui touche à la fois l’architecture, la décoration, l’objet d’art, le vitrail et le mobilier.
Par exemple, à l’immeuble Tremois où utilise majoritairement la pierre de taille, on retrouve ces nervures élégantes en « coup de fouet » sur les ferronneries des balcons. Puis, au 60 rue La fontaine, les mêmes ferronneries mettent élégamment retrait de la rue la façade de l’hôtel Mezzara.
En 1909, Guimard épouse Adeline Oppenheim, artiste d’origine américaine. Pour abriter son atelier et ses bureaux, il réalise un hôtel d’angle sur 4 étages au 122 avenue Mozart. Une photographie conservée au Cooper Hewitt Smithsonian Design Museum de New York, nous donne une idée de ce qu’était la salle à manger. Le plafond est orné de décors en plâtres formant une guirlande florale courant sur la corniche.
Guimard a également dessiné des tombes comme celle d’Ernest Caillat aucimetière du Père Lachaise.
En 1938, Guimard s’expatrie à New York car son épouse est juive. Il disparaît 4 ans plus tard à l’âge de 74 ans. Sa veuve proposa de réaliser un musée dans l’hôtel Guimard mais le gouvernement refusa. Les documents et les dessins repartirent pour les États-Unis. Seuls quelques ensembles de meubles figurent au Petit Palais de Paris et au musée de Lyon.