Mesmer et son baquet. Ce médecin allemand, célèbre magnétiseur qui eut tout Paris à ses pieds en 1775 est aujourd’hui considéré comme un charlatan. En effet en 1775 il exposait dans le Nouveau Mercure Savant son « système » basé sur le « magnétisme animal ». En effet, le savant prétendait qu’avec les propriétés de l’aimant, il pouvait traiter ou guérir certaines maladies. Or son manifeste qui démontrait des exploits spectaculaires était très nébuleux. De plus, certaines expériences échouaient. A Vienne, sa ville d’origine, il tenta de guérir une jeune fille aveugle grâce au magnétisme et échoua lamentablement. Le père de la jeune fille fit tant de bruit que l’impératrice Marie Thérèse elle-même demandant à Mesmer de cesser ses supercheries.

Mesmer échoua alors à paris, capitale de tous les miracles et de toutes les histoires anxiogènes. Il s’installa dans un hôtel place Vendôme . Sitôt, le corps médical lui demanda des explications qui furent si nébuleuse que Mesmer entra très vite en conflit avec lui. Les méthodes de Mesmer variaient peu. Assis en face du patient, le dos tourné vers le nord, il enserrait entre les siens les genoux et les pieds du patient. Puis il appuyait de ses pouces le plexus solaire. Ensuite, les passes avaient lieu au niveau de l’organe malade. Il se servait d’une baguette pour diriger son fluide magnétique. A cela il ajoutait un fond sonore : quelques accords d’un piano forte se mêlaient harmonieusement à la manipulation.

A-t’il guéri ses patients ? Il y eut en effet quelques miracles. Mais Mesmer avait surtout un don pour plonger ses patients dans une sorte d’hystérie qui pouvait provoquer dans leur organisme un choc parfois salutaire. C’est ainsi que le succès de Mesmer fut tel que lui-même et son valet ne suffisaient plus à la demande. Le guérisseur choisit donc d’opérer « collectivement » au moyen d’un baquet. Ce dernier était une cuve ovale en chêne de deux mètres de diamètre et cinquante centimètres de hauteur, fermée par un couvercle. En dessous il y avait une couche de limaille de fer et de verre pilé puis deux rangées de bouteilles pleines d’eau.

Des trous couvraient le couvercle d’où émanaient des tiges métalliques coudées. Ces dernières étaient de longueurs différentes et pouvaient atteindre les personnes du dernier rang. Enfin une corde sortant du couvercle s’enroulait autour de chaque patient et « renforçait entre eux la communication magnétique ». Au commencement, Mesmer vêtu d’un splendide costume lilas évoluait au milieu de ses patients. Il vérifiait avec sa baguette la transmission des effluves entre ses clients. Le succès fut immense. Les clients réservaient plusieurs mois à l’avance. Les plus riches réservaient parfois plusieurs places qu’ils se distribuaient entre eux.

Cependant les séances tournaient parfois à la crise d’hystérie collective. Si bien qu’on adressa un rapport au roi pour signaler ses hystéries collectives à tendance érotique, qui touchaient surtout les femmes. Pour autant un certain Deslon qui fit connaissance de Mesmer en 1778 s’emballa par ses théories. Or, il était le premier médecin du comte d’Artois, frère du roi et de toute une partie de la Cour. Le succès ne fit qu’augmenter. Mais le corps médical continuait à s’indigner si bien que Mesmer annonça à ses clients en 1781 qu’il quittait la France définitivement, laissant à Deslon le soin de lui succéder.

La reine Marie-Antoinette intervint pour qu’il n’en fasse rien. Quant au roi, il octroya au guérisseur une pension de 20 000 livres pour rester en France. Mesmer répond par une lettre très arrogante que la somme est trop légère pour l’importance de ses découvertes. Puis il partit à Spa et revient 15 jours plus tard. Il fut même étonné que le roi ne lui fasse pas de nouvelles propositions. Quant à Deslon, voulant surpasser son maître, avait crée un centre de traitements prestigieux. Tout n’était que fontaines et jets d’eau. Le piano forte avait été remplacé par un orchestre caché derrière un buisson. Et après plusieurs explications très orageuses Deslon et Mesmer créèrent La Société de l’Harmonie.

Cette dernière fonctionnait comme la Franc-maçonnerie. IL y avait un grand-maître et des membres qui juraient de tenir le secret. Brthollet, le célèbre chimiste, versa les cent louis pour en faire partie. Un jour que la séance commença, Berthollet renversa le baquet, et sortit furieux. Pour sauver Mesmer, l’érudit Court de Gébelin annonça à l’Europe entière les bienfaits du magnétisme. Mais il mourut peu après en pleine séance de cure.

Le 12 mars 184, le roi nomma une commission d’enquête qui comprenait entre autres Lavoisier, Franklin et Guillotin.  Les membres enquêtèrent sur les flux magnétiques, utilisèrent le baquet et ne ressentirent absolument rien. Ils démontrèrent que l’imagination seule produisait les effets observés. A la suite de quoi Mesmer fut vilipendé par la populace, assailli par un déferlement de satires. Il dut quitter Paris en avril 1785 et gagna l’Angleterre. Là, on i l’accueillit très froidement. Enfin, il s’installa sur les bords du lac de Constance où il mourut en 1815 âgé de 81 ans.

Mesmer et son baquet

Véronique Proust