Masaccio ou le génie de l’espace. Ce peintre de la première Renaissance italienne a introduit la perspective et l’espace en peinture. Sa quête picturale rompra avec le gothique international et ouvrira la porte à toute une génération d’artistes.
Tommaso Masaccio ne porte pas bien son nom. On le surnomme « l’idiot » alors qu’il sera l’une des figures majeures de la Renaissance italienne . Né en 1401 près d’Arezzo et mort à Rome en 1428, il lui aura fallu 27 ans pour révolution la perspective, l’espace et l’émotion en peinture.
Il est le fils d’un notaire qui disparait quand Tommaso n’a que 5 ans. Sa mère se remarie avec un marchand d’épices. Il va sans dire que l’appartenance à un milieu aisé, le laissera libre dans le temps qu’il destinera à sa formation.
En effet il entre à 16 ans dans l’atelier de Bicci di Lorenzo, peintre attaché au gothique international. Pourtant il se familiarise avec l’œuvre de deux grands maîtres de la Renaissance italienne: Brunelleschi et Donatello. Puis il s’installe à Florence . Là il reçoit une première commande de fresques à l’église santa Maria del Carmine. Mais ces dernières ont disparu. En revanche, celles de la chapelle Brancacci sont toujours en place dans la même église. Il s’agit d’un travail de collaboration avec Masolino, qui lui prendra toute une vie.
Masolino da Panicale appartient aussi au style du gothique tardif ce que veut dépasser le jeune peintre. En effet, Masaccio révolutionne l’expression des personnages. Ainsi dans la fresque représentant Adam et Eve chassés du paradis l’expression de douleur du couple original est sans précédent. De même dans la Crucifixion du polyptique de Pise, saint Jean est terriblement affligé et Madeleine contorsionnée de douleur.
Par ailleurs, Masaccio renouvelle totalement l’espace, sans doute après une analyse très fine du travail de Brunelleschi. Du même polyptyque de Pise, la Vierge à l’Enfant (1426) qui garde encore la sévérité médiévale, est assise sur un trône de pierre à la profondeur nouvelle. A ses pieds, les anges assis sur des marches portent une robe aux volumes subtils. Ainsi pousse-t’il plus loin sa recherche picturale après ce très bel essai réalisé dans Sainte Anne et la Vierge de 1424. En effet, cette magnifique composition pyramidale apprivoise déjà l’espace, par la position des 3 personnages qui regardent dans des directions opposées.
Puis, à la chapelle Brancacci, Le tribut de Pierre met en scène les apôtres autour du Christ. Ces derniers évoluent dans une perspective riche et subtile. Traditionnellement peints les uns au dessus des autres pour donner de la profondeur, Masaccio les dispose les uns derrière les autres dans un effet bien plus réel.
L’oeuvre la plus représentative de ses recherches d’espace demeure la Crucifixion de Santa Maria Novella.
Dans une niche peinte en trompe-l’oeil, ornée d’une voute à caissons, Masaccio présente la Trinité. Dieu le Père dans l’ombre porte en avant dans la lumière son fils crucifié. Ce dernier est encadré de la Vierge et de saint Jean dont l’expression est d’une étonnante maturité. Les donateurs sont à genoux devant la niche dans un tout autre espace, ce qui confère à la fresque une profondeur étonnante.
En 1428 il est à Rome pour réaliser un polyptyque mais il ne peut terminer son oeuvre car il meurt prématurement cette même année.