Marguerite de saint Marceaux mécène des musiciens. Cette muse et mécène tenait un célèbre salon plaine Monceau. On y rencontrait des peintres et écrivains, mais la reine des muses était la musique. Massenet, Chabrier, Debussy, Fauré étaient invités à se produire en privé et en avant-première.
Marquerite Louvier, née en 1850 était la fille d’un drapier de Louviers. Guidée par son demi frère Roger Jourdain, elle fréquente dès l’adolescence les milieux artistiques. Elle rencontre les peintres Edouard Detaille et Georges Clairin ainsi que le musicien Camille Saint Saëns. Ce dernier lui demande sa main, mais sa famille lui interdit de l’épouser. D’aucun pense que sa passion pour la musique qui la guidera toute sa vie provient de cette frustration de jeunesse.
Elle se marie avec un riche peintre orientaliste, Eugène Baugnies, dont elle a trois fils. Le couple s’installe au , sur la plaine Monceau . Mais Eugène meurt prématurément en lui laissant une fortune importante qui lui permet de vivre confortablement. Elle a 40 ans. Elle s’adonne à la musique et en fait une passion. Sans être célèbre elle restera une chanteuse appréciée et une grande pianiste.
A partir de 1875, elle crée un salon bd Malesherbes et réunit les amis de son époux, tous peintres. On y trouve François Flaming, Giovanni Boldini ou Jacques Emile Blanche.
En 1892, elle épouse René de Saint Marceaux, artiste reconnu et membre de l’Académie des Beaux-Arts. On lui doit notamment la statue d’Alexandre Dumas place du général Catroux. De 1892 à 1914, son salon devient un véritable vivier. En effet, elle convoque tous les vendredis des convives triés sur le volet. Après le dîner, des musiciens, hommes de lettre se rencontrait et l’on pouvait jouer de la musique. Du reste la musique était la reine de son salon.
Les grands fidèles étaient Chausson Massenet, Chabrier dont la musique reflétait le goût de l’époque. Mais Gabriel Fauré, Debussy , Charles Gounod étaient invités à présenter leur œuvre dans son salon, avant même d’être connus. Colette décrit ainsi Marguerite: d’esprit vif et de parler prompt, intolérante au fond, le nez en bec, l’oeil agile, qui bataillait pour la musique et s’en grisait. L’auteur décrit aussi le salon. De grosses lampes abritées, des tables accessibles, bien jonchées de revues, de journaux et de cigarettes, la chaleur en hiver, les boissons fraîches et les petits fours dans la salle à manger voisine… Nul ne trouvait mauvais que M. de Saint-Marceaux s’absorbât dans une lecture, que les fils de la maison se retirassent à l’étage supérieur, que les peintes Clairin, Billotte se retranchassent dans une querelle de peintres..
Marguerite de saint Marceaux avait un goût très sûr et des idées bien arrêtées. Si bien qu’un jour, Gabriel Fauré prédira à sa bienfaitrice une « attaque de snobisme ». Par exemple, elle n’invitait aucune prince ou princesse royale qui n’eut une valeur personnelle. Ce trait se retrouve dans le caractère de madame Verdurin, célèbre personnage de la Recherche de Marcel Proust. Pour autant, les artistes se croisaient et la plus belle rencontre fut sans doute celle de Ravel qui commanda à Colette le livret L’enfant et les sortilèges.
L’été, elle part avec son petit monde dans sa maison de Cuy saint Fiacre. Elle se promène à bicyclette et découvre les plaisirs de l’automobile prend des photos, s’émerveille du cinéma et passe son baptême de l’air en 1913. Et de retour à Paris, elle ne manque jamais une première au théâtre ou à l’opéra. (Myriam Chimènes: journal de Marguerite de saint Marceaux). Marguerite meurt dans son hôtel du boulevard Malesherbes en 1930. Ses fils ont continué son œuvre mais ne l’ont jamais égalé.
Marguerite de saint Marceaux, mécène des musiciens