Madame de Pompadour, une favorite au pouvoir. Cette fille d’ecuyer d’une immense beauté devint la maîtresse de Louis XV en 1745. Dotée d’une grande intelligence et d’un vrai talent de comédienne, elle resta aux côtés du roi durant 20 ans. Son ascencion fulgurante la porta dans les secrets du pouvoir et de la politique européenne. Lumière sur cette femme hors norme.
Née en 1721, Jeanne Poisson est la fille de François Poisson écuyer du duc d’Orléans et de Louise-Madeleine de la Motte. Remarqué par les frères Paris qui dominent le monde de la finance, il s’occupe de ravitailler la France au moment de la grande disette. Mais accusé de fraude, on le somme de quitter la France. On place alors Jeanne au couvent des Ursulines où elle reçoit une éducation très soignée. En effet, elle apprend les arts, les lettres, la poésie, la musique et le chant. Dès qu’elle atteint l’âge du mariage, elle épouse Charles Guillaume Le Normant d’Etiolles . Ils auront deux enfants, Charles et Alexandrine. Voici en quelques mots ce que l’on sait de la jeunesse de la Pompadour. Mais c’est son ascension à la Cour et son règne dans le cœur du roi pendant 20 ans qui est le plus passionnant.
En 1745, le roi a 33 ans. Il a épousé Marie Leczinska qui lui a donné 10 enfants. C’est untrès bel homme, et impressionne par sa taille haute et sa prestance. Il a aussi plusieurs maîtresses. Mais la dernière en date, Madame de Chateauroux vient de mourir. Et comme le roi est enclin à la dépression, son entourage cherche à lui trouver une compagne.
On ne sait pas exactement comment il rencontra Jeanne Le Normant d’Etiolles. Mais il se peut que ce soit au cours d’une des fameuses chasses royales dans la forêt de Ménart ou quelques soupers. Certains historiens pensent plutôt que c’est le valet de chambre du roi, Binet de Marchais qui aurait introduit la future marquise dans le lit du roi. Enfin, d’autres pensent que c’est le pari financier qui aurait tout intérêt à avoir l’oreille du roi qui l’aurait propulsé à la Cour du roi.
Le 15 Février 1745 a lieu le fameux Bal des Ifs à Versailles, à l’occasion du mariage du dauphin avec l’infante d’Espagne. Ce soir-là, le roi apparaît déguisé en if. Jeanne-Antoinette est présente et le cardinal de Bernis note que le roi l’approcha à plusieurs reprises. Quelques jours après, le roi invite la jeune femme au bal de l’Hôtel de Ville. On parle alors d’une jeune femme ravissante dotée de beaucoup d’esprit. Sa peau nacrée « ne prend pas d’ombre et attire tous les regards ». Elle se mordille aussi souvent les lèvres pour leur donner de la couleur.
Puis tout va très vite. Le 5 avril 1745, elle paraît à la Cour fort élégante et dîne en tête-à-tête avec le roi. Puis il la réinvite le 23 avril à souper. Malheureusement le roi est mariée et Jeanne-Antoinette aussi.
Avec sa mère, Louise Madeleine, elle monte un stratagème et dit au roi qu’elle a très peur de rentrer chez elle car son époux est au courant de leur relation. Par conséquent, elle ne veut pas quitter Versailles. Mais Jeanne n’est pas noble et ne peut pas rester à la Cour. Aussi le roi fait acquérir pour elle la seigneurie de Pompadour et la fait marquise. Pendant ce temps, la jeune femme apprend les secrets de la Cour et ses manières auprès de Voltaire . Et à la fin août, la marquise de Pompadour est présentée. Elle sera désormais la maîtresse officielle du roi et aura mis 6 mois pour cela.
Certains historiens attribuent sa montée sociale fulgurante à ses talents de comédienne. D’autant que la Cour, très attachée aux valeurs traditionnelles voyait d’un mauvais œil la présence au milieu d’eux d’une femme issue de la finance. Mais ses talents de comédienne ont été le indéniablement le pivot de sa réussite qui lui permettait aussi de faire disparaître la morosité du roi.
Aujourd’hui les historiens sont partagés sur son rôle et ses ambitions. Robert Muchenbled dit qu’elle était admirable mais pas en tout. Pour exemple, il l’accuse d’avoir coûté très cher aux Français et d’être à l’origine de la perte du Québec et des colonies françaises. Par ailleurs, il pense qu’ Du reste on l’a accusé de traiter avec Frédéric II de Prusse alors qu’un renversement d’alliance rapprochait Louis XV de Marie-Thérèse d’Autriche. Evelyne lever pense qu’elle n’a pas su voir l’importance de la mer avec son ministre complice Berryer. Cette opinion est partagée par le duc de Castres. Ce dernier pense aussi que ses combinaisons avec le cardinal de Bernis ont abouti à la Guerre de Sept Ans qui fut désastreuse pour la France.
Evelyne Lever est plus pondérée en rappelant que le roi avait aussi des idées très arrêtées sur la politique. Elle signale aussi que le ministre Choiseul était aussi très important. Par ailleurs, elle souligne le fait que la Pompadour n’a rien fait d’autre que d’aller toujours dans le sens des idées du roi, en défendant aussi sa souveraineté. Une chose est sûre, c’est que toute sa vie
La marquise de Pompadour est restée 20 ans « l’amie nécessaire », alors qu’au bout de 4 ans de liaison, elle n’a plus eu de relation charnelle avec Louis XV . Coup de force indéniable, qu’elle doit au fait qu’elle s’est occupée elle-même de fournir de jeunes vierges au roi. Mais elle savait qu’elle prenait des risques immenses, ce qui provoquait en elle des angoisses et des insomnies incessantes.
Par ailleurs, elle souffrait de troubles gynécologiques. On a parlé de maladie vénérienne. On sait aussi qu’elle était « pulmonaire » et avait le cœur fragile. En tout cas, elle s’est certainement abîmé la santé par des breuvages et des onguents de toute sorte. Car il était indispensable qu’elle soigne son apparence.
Si bien que cette « femme admirable » s’éteignit très jeune à l’âge de 42 ans. Elle eut le privilège d’avoir le droit de mourir à Versailles où seule, la famille royale est autorisée à le faire.. En revanche, on n’a pas permis au roi, étiquette oblige, d’aller à ses obsèques. Il regarda seulement par la fenêtre de sa chambre, le corbillard traverser la cour du château. Il éprouva un immense chagrin à sa disparition.
La Pompadour avait eu le temps de dire au revoir à ses proches et de recevoir l’extrême onction. Enfin, elle avait acquis une concession dans une chapelle du couvent des Augustines, qui jouxtait à Paris la place Vendôme . Mais le couvent ferma à la Révolution et devint un théâtre. Puis il disparut en 1806 lors du prolongement de la rue de la Paix. Il est probable que les restes de celle qui illumina la vie de Louis XV aient été transférés aux catacombes.
Madame de Pompadour, une favorite au pouvoir
Edmond et Jules Goncourt , Madame de Pompadour, France-Empire, 2012
Le duc de Castres, Madame de Pompadour , Albin Michel 1983
Evelyne Lever, Madame de Pompadour, Perrin, 2010
Robert Muchembled, Madame de Pompadour, Paris, Fayart, 2014