Le Rosso un artiste marginal. Ce peintre italien contemporain de Pontormo et d’Andrea del Sarto a crée le maniérisme en peinture. Sa décoration de la galerie François Ier est à l’origine du style de l’Ecole de Fontainebleau. Il contribuera également à diffuser le courant maniériste italien dans l’Europe du Nord.
Giorgio Vasari dans ses Vitae décrit le Rosso Fiorentino, né en 1494, comme un homme charmant doué pour la musique et la philosophie. Mais en ce qui concerne le dessin, il est doté de bizarreries que l’on qualifierait de gothique. Mais plusieurs caractéristiques se dégagent de cet artiste marginal. Ce sont, ses compositions complexes, ses canons très étirés et ses couleurs acidulées. Bien qu’il reçut des commandes, il sombra dans la pauvreté. C ce qui l’entraîna à accepter une carrière en France au château de Fontainebleau.
Grand représentant de la manière florentine et formé dans l’entourage d’Andrea del Sarto, le Rosso possède un style qui dérange. Admirateur de Michel-Ange dont il exécute de nombreuses copies au cours de sa formation, il cherche à pousser plus loin la représentation de l’anatomie humaine. En effet, les corps étirés ont des proportions gigantesques, et présentent des aplats de couleurs qui rappellent ceux de Masaccio. Par ailleurs, les postures sont extrêmement recherchées, contorsionnées. Par ailleurs, l’artiste utilise des raccourcis très audacieux et des compositions où les obliques dominent souvent.
Pour exemple, dans la Déposition de croix de 1521, il oppose la violence extrême des bourreaux, à l’abandon total du corps du supplicié. Pour se faire, il dote les bourreaux de membres gesticulant et allongés, et augmente considérablement les proportions du corps du Christ. Ainsi, du corps du Christ émane une sorte de lourdeur apaisée.
Au premier plan, il a traité les draperies des saints et de la Vierge par de larges aplats de couleurs. Par ailleurs, les zones de couleurs dont le synthétisme confirme son admiration pour Masaccio.
On retrouve cette posture contorsionnée avec un déploiement du corps du Christ dans le Christ avec les anges. L’étrangeté de la posture frise l’absurdité. Et c’est dans ce contexte qu’on classe le Rosso comme l’inventeur du Maniérisme, dans le sillage de Pontormo ou Andréa del Sarto. Par ailleurs, en concentrant ses efforts sur le corps du Christ il ôte toute trace de douleur et détourne le sens de la scène. L’on sent que ce type d’investigation qui atteint son paroxysme, sera sujet à une réforme radicale de la représentation de la Passion.
Dans la Pieta du musée du Louvre, le corps du Christ présente les mêmes dispositions. Le Rosso étire les bras de la Vierge pour accentuer l’intensité dramatique. Les visages de couleur terreuse accompagnent cette emphase. Par ailleurs, les personnages de Madeleine et Jean plongés dans la lumière en contraposto, et mettent en valeur le torse décharné du Christ.
Le Rosso un artiste marginal et maudit
Puis, le sac de Rome l’oblige le peintre à quitter la ville et à mener des années d’errance en Italie. Ses toiles reflètent le choc des atrocité du sac.. Les yeux s’assombrissent, les couleurs se font plus inquiétantes. Mais il s’agit moins d’une tendance à la morbidité que d’une véritable recherche stylistique . Sa marginalité dûe aux critiques l’oblige à accepter l’invitation française. En effet, le roi François Ier lui confie la décoration de la galerie de Fontainebleau. Là, l’artiste s’adonne à la fresque de sujets profanes accompagnés des stucs du Primatice. Il y déploie un sens artistique très personnel qui se détache progressivement de l’art de de Michel-Ange. Il créera ainsi l’Ecole de Fontainebleau qui aura une répercussion majeure dans la diffusion du maniérisme italien dans le nord de l’Europe.
La mort de cet artiste marginal est obscure. Vasari dit qu’il s’est suicidé par honneur à la suite d’une fausse accusation de vol qu’il aurait faite envers son ami Francesco di Pellegrino. Il se serait fait livrer à Fontainebleau un poison qui lui rongea les entrailles. Mais cette version n’a jamais été vérifiée.
Une chose est sûre, sa marginalité stylistique a transformé durablement la peinture du XVIe siècle et a ouvert la voie au Maniérisme en Europe.