Le Rosso portrait de Jeune homme. (Musée du Capodimonte). L’on connaît surtout le Rosso pour son intervention à Fontainebleau. En effet, son style marqua tant ses contemporains qu’il inspira la Première Ecole de Fontainebleau. Rosso Fiorentino se forme à Florence auprès d’Andréa del Sarto qui l’initie à la peinture maniériste que le jeune artiste saura s’approprier.
Dans ce portrait, le jeune homme est assis avec désinvolture. De trois quart, il émerge d’une salle assez sombre dans laquelle on devine d’autres portraits et de nombreuses tapisseries. En effet, à gauche, apparaît un mascaron sculpté figurant une tête de lion et à droite un portrait de vierge sous forme d’icône. Plusieurs tapisseries, une grenade, qui symbolise l’unité de l’Eglise et enfin un tapis kilim au premier plan sont d’un grand raffinement
Le traitement de la veste ceinturée est très libre sans avoir quelque brio. Un pantalon, une chemise, rien d’ostentatoire dans son habillement mais beaucoup d’effets. Les mains aux longs doigts effilés appartiennent à cette nouvelle anatomie que les maniéristes ont tous adopté. Mais l’aspect approximatif du traitement de ces doigts crochus a longtemps fait penser qu’il s’agissait d’un portrait inachevé. L’idée que ce portrait ait été commencé dans le courant de 1526 renforce cette idée. En effet le sac de Rome en 1527 survenu très peu de temps après le commencement de la toile, empêcha sans doute Rosso de l’achever.
Cette toile a longtemps appartenu au bibliothécaire des Farnèse, Fulvio Orsini. On l’a aussi longtemps attribué à Parmesan. Mais en 1940 le grand historien d’art Roberto Longhi l’a réattribué au Rosso. Pour le moment, une hypothèse propose que le modèle soit Giampaolo dell’Anguillara, condottiere à la solde du pape puis de François Ier.
On décerne sur ce portrait les tendances poétiques du Rosso, à la veille de son départ pour la France où le roi de France lui confiera le décor de sa galerie. Et en dépit de son caractère à demi achevé, on considère ce portrait comme un chef-d’oeuvre du genre. La timidité arrogante du jeune homme surprend et l’univers intime et privé dans lequel il évolue lui donne une distinction particulière.
Le Rosso partira ensuite en France où il décorera la galerie François Ier de Fontainebleau. Il y amène un style pictural nouveau imprégné de l’Antiquité. Mais ses nus ont des postures étranges et les attitudes s’éloignent du classicisme et gagnent en courbes et sinuosité.
Après un immense travail à Fontainebleau il meurt mystérieusement et inopinément le 14 novembre 1540 à l’âge de 46 ans.
Le Rosso portrait de jeune homme.
Véronique Proust