Le Nouveau Roman conférence littéraire. Nous dévoilerons ce que Nathalie Sarraute, Claude Simon, Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet ou Michel Butor ont apporté à la littérature dans les années 60. Un Nouveau Roman peut-être, mais surtout un autre roman que celui que construisaient traditionnellement les auteurs du XIXe siècle tels que Zola ou Balzac. Nous plongerons dans une conférence littéraire passionnante avec lecture de nombreux extraits.
En 1953 paraissent simultanément deux romans. Le premier est Les Gommes d’Alain Robbe-Grillet, le second est Martereau de Nathalie Sarraute. Ces deux romans parlent de sujets différents mais ils ont en commun une narration très lointaine du roman balzacien. En effet, il n’y a ni chronologie ni ordre des choses. Pourtant, tout est au présent. Le narrateur est souvent celui qui écrit. Maiss dans Les Gommes , il y a plusieurs narrateurs, ceux qui agissent. Si bien qu’on ne sait plus qui est le personnage principal. C’est bien ce que veut faire Alain Robbe-Grillet, qui « gomme » la construction du roman traditionnel. Cela lui permet de créer un nouveau genre littéraire.
Mais est-ce un genre littéraire ? Claude Simon qui a toujours revendiqué qu’il n’y avait pas besoin d’avoir une histoire pour faire de l’écriture fait la connaissance en 1956, d’Alain Robbe-Grillet, conseiller littéraire aux Éditions de Minuit. Ce dernier fait paraître un de ses premiers romans, Vent, et plusieurs autres romans. En 1960, il édite la Route des Flandres. Claude Simon évoque la défaite de l’armée française et l’horreur de la guerre, mais on ne sait plus s’il s’agit de la guerre de 14 ou la débâcle de 1940. Pas besoin de chronologie, ce qui importe c’est la qualité de l’image. Du reste, et selon le prix Nobel de 1985, il n’y a pas de Nouveau Roman, expression dont on doit la paternité au critique Émile Henriot en 1957. En effet, c’est plutôt le refus du roman traditionnel qui fait le Nouveau Roman.
Depuis 1946, Jérôme Lindon a repris la direction des Éditions de Minuit dont les finances sont très défaillantes. Incapable de savoir si ces nouveaux genres littéraires vont plaire, et n’ayant plus rien à perdre, il publie ces auteurs. Il se trouve qu’ils finissent par trouver des lecteurs. En 1950, le même Jérôme Lindon lit Malone meurt de Samuel Beckett L’Innommable et Molloy et décide de les publier aux Éditions de Minuit. Le ton pessimiste et sceptique sur la société contemporaine lui rappelle les doutes exposés par Sarraute et Simon.
Du reste, Nathalie Sarraute rappelle dans l’Ère du Soupçon qu’elle publie en 1956, que ce n’est pas le personnage qui fait le roman mais ses tensions intérieures. Ces mêmes tensons, elles les avait analysées dans Tropismes, publié en 1939 dans l’indifférence générale. Elle y montrait notamment que la ponctuation des dialogues était trop lourde et empêchait de dévoiler ce qu’elle appelle la « sous conversation ». Plus besoin de guillemet ou de dit Robert ou Jeanne répondit qui alourdissent considérablement le sens du dialogue.
Le nouveau roman conférence littéraire
Trois clochards attendent un quatrième larron, mais ils ne savent pas quoi faire et s’interrogent sur leur vie. Le fameux Godot qu’on attend tant ne vient pas, mais les clochards demeurent. Le pessimisme de Beckett envahit la littérature au point d’en faire un prix Nobel en 1969.
De même Michel Butor décide de faire rencontrer son personnage avec sa maîtresse romaine. Mais au cours du voyage en train Paris-Rome, le personnage, aux prises avec mille détails anodins, en vient à changer d’avis, il restera avec son épouse parisienne. Deux villes, deux femmes, deux choix s’imposent donc à ce narrateur très perplexe. La Modification qui obtiendra le prix Renaudot en 1957 entend engager le lecteur dans l’histoire et se modifier lui-même….