Le Garde-meuble de la Couronne, une institution française. Le garde meuble est une institution qui date de 1527. En effet, pour libérer François Ier que Charles Quint emprisonna au château de Madrid après le désastre de Pavie, l’on du vendre les bijoux de la Couronne. Cette prise de conscience d’une anomalie de gestion du patrimoine aboutit à l’édit de Moulins de 1566. Il fixe les règles du domaine public et en assure l’inaliénabilité. Plus tard, Henri IV crée l’administration du Garde-meuble, qui ne comprend pas que des meubles mais des bijoux, des pierres, des armes anciennes et de nombreux autres objets..
C’est l’intendant du Garde-meuble de la Couronne qui en assure l’administration. Puis Louis XIV et Colbert la réforment, dans le but d’inventorier et entretenir les meubles des nombreuses demeures de Louis XIV. Par ailleurs l’institution répare les meubles, organise les transferts, suit aussi les commandes passées aux artisans. Ainsi en mars et octobre, époque où l’on réaménage maisons royales de l’hiver ou l’été, les voitures du Garde-meubles livrent dans les ateliers de tapissiers, des meubles à transformer ou réparer. Rapidement, l’institution devient une vitrine du savoir-faire français en matière d’ébénisterie, marqueterie, passementerie.
Elle permet aussi de participer au prestige de la Couronne mais l’Intendant est aussi très proche du roi et de ses goûts d’ameublement. Ainsi à la veille de la Révolution, la liste des objets entretenus par le Garde-Meuble est impressionnante. On y trouve des meubles, de la vaisselle, de l’orfèvrerie, des tapisseries, des porcelaines, brocarts, vases ou chandeliers…
Deux intendants ont illustré au XVIIIe siècle l’histoire de cette maison. Ils ont tout deux joués un rôle fondamentale, bien que leurs goûts et leur caractère soient opposés.
Le premier est Pierre Elisabeth de Fontanieu qui prend ses fonctions de 1767 à 1784. C’est lui notamment qui a réunit la collection de tableaux qui se trouve dans le couloir d’accès à l’entrée des appartements. Lorsqu’en 1772 il s’installe place de la Concorde, il a 42 ans. C’est un libertin qui aime les plaisirs, les nouveautés, les filles de l’opéra pour qui il crée un petit cabinet des glaces des plus érotiques. Il est aussi extravagant, se passionne pour les objets d’art et le mobilier sophistiqué. En réalité il a beaucoup de goût et deviendra un influenceur du décor décor français au début du règne de Louis XVI.
Il est aussi passionné d’architecture. Ainsi, il propose à Ange Jacques Gabriel, débordé par les chantiers royaux, de le soulager en se chargeant lui-même de la décoration de son appartement. Pour se faire, il fait appel à deux grands artistes. Le premier est l’architecte Jacques Gondoin, le second est l’ébéniste Jean Henri Riesener. Le marquis de Marigny, Directeur des Bâtiments du roi n’aura de cesse que de lui demander de modérer ses dépenses. Mais Fontanieu n’en fera rien mais il créera un véritable bijou.
Le second, Thierry de Ville d’Avray est l’opposé de son prédécesseur. C’est un père de famille qui reprend cette charge en 1783. Il s’installe dans les lieux avec son épouse et ses deux enfants. Il est le portrait des fonctionnaires scrupuleux de l’État. En effet, il a été valet de chambre de Louis XVI de 20 ans son cadet. Il s’est toujours distingué comme une personne de confiance et si dévouée qu’une relation d’amitié s’est nouée entre les deux hommes. Par ailleurs, sa famille a longtemps été au service domestique de la Monarchie. Son rigorisme et son amitié pour le roi l’a éloigné non seulement de ses collaborateurs mais aussi de la noblesse.
Cela contribua aussi à entacher l’aura de cette institution. Par ailleurs, les intendants sont aidés d’un garde général, de deux inspecteurs, d’un secrétaire et d’un garde des archives. Il y a un médecin, un chirurgien et un aumônier. La plupart habite dans le bâtiments. En tout, près de 100 personnes travaillent en ces lieux, conservent et préservent un patrimoine qui vaut une fortune.
Le Garde-meuble de la Couronne, une institution française
Véronique Proust