Le codex Atlanticus conférence projection. Ce recueil de dessins, plans, projets de machines de toute sorte est l’illustration du génie de Léonard de Vinci. Il révèle aussi l’anatomiste, le géologue, le mathématicien, celui qui cherche à comprendre le fonctionnent du monde. Les annotations et réflexions se mêlent à des dessins magnifiques et extravagants à la fois, fruit d’une immense mémoire. Éparpillé après sa mort, ce Codex traverse les guerres et les occupations. Nous tâcherons de réunir ces feuillets ensemble et d’en comprendre l’essence.
Le Léonard de Vinci que nous connaissons est avant tout un peintre et l’auteur de la célébrissime Joconde. Mais dans une lettre qu’il écrit à César Borgia en 1502, il explique qu’il peut construire des ponts légers, des places fortes et des bombardes. Ainsi se conçoit-il avant tout comme ingénieur militaire. Pourtant, il termine sa présentation en disant qu’il peut aussi exécuter de la sculpture en marbre, bronze, terre cuite. Puis, en peinture, il dit aussi qu’il peut faire ce que ferait un autre, quel qu’il puisse être.
L’Italie du XVe siècle n’est qu’une poussière d’État. Elle n’est constituée que de duchés ou républiques administrées par de grandes familles, telles que les Sforza, les Borgia, les Visconti ou les Médicis. Nous l’évoquerons. Or ces petits duchés se font la guerre et doivent aussi se défendre contre les invasions françaises. Aussi, ces princes doivent d’une part, contrer les armées françaises qui utilisent pour la première une artillerie lourde qui leur est inconnue. D’autre part, ils doivent montrer la magnificence de leurs cours pour leur donner un poids diplomatique.
C’est dans ce cadre que Ludovico Sforza demande à Léonard de Vinci de lui organiser des fêtes magnifiques dont l’écho se ferait européen. L’artiste invente alors des machines et automates qui imitent le mouvement des 7 planètes. Son invention est extraordinaire, elle fascinera les contemporains. Le codex Atlanticus contient de nombreux dessins illustrant les mécanismes d’engrenage qui ont servi à enclencher les mouvements de ces astres.
Constitué de 1119 feuilles de dessins réalisés de 1478 et 1519, le codex contient des croquis qui sont le reflet de sa carrière. On y décèle des énoncés mathématiques, optiques, des réflexions philosophiques, et même des recettes gastronomiques. Léonard travaille quelques années dans la Cour des Sforza
Mais la consécration lui viendra de César Borgia qui lui propose un poste d’ingénieur en 1502. Aussitôt l’artiste se met à l’œuvre, et dessine des sous-marins, des chars d’assaut, les machines à roue. Son dessin est pur, concis, bien plus explicite que les dessins des ingénieurs de son époque. Vinci utilise la perspective, explique, annote. La précision de cet homme qui ne lit ni le latin ni le grec et qui a fondé tout son savoir sur l’expérience fascine ses contemporains.
Ainsi le trébuchet qui peut-être utilisé aussi bien pour les sièges navales que terrestres propulse des balles à l’entour et provoque de nombreux dégâts.
Léonard qui a participé à certaines batailles se montre un tacticien hors pair. Mais en même temps, la guerre le fascine comme elle l’horrifie. Certains dessins montre des machines qui manquent de fonctionnalité. Peut-être voulait il qu’elles ne soient jamais exécutées.
Quelques années plus tard, ou peut-être même avant, Léonard revient sur certaines pages et y ajoute un dessin de brocard ou même des esquisses de cheval. Sont-elles celles qui lui permettra de réaliser le grand portrait équestre de Ludovico Sforza ou au contraire les cavaliers de la Bataille d’Anghiari ?
Pendant ces années d’errance où Léonard tente de s’imposer durablement dans une Cour apaisée, Léonard conçoit aussi des machines qui ne sont pas faites pour tuer. En effet, elles servent surtout à rouler et même à voler. Ainsi, ses dessins dévoilent ses recherches incessantes pour créer des machines destinées à servir l’humanité. Parfois se profile un visage, un bijou, un projet de canal.
Lorsque François Ier l’appelle en France, il crée pour lui plusieurs projets pour une ville nouvelle, utopique et fonctionnelle : Romorantin. Les feuillets du codex nous révèlent les projets de canaux et de tout-à-l’égout que le maître envisageait pour cette ville.
A sa mort, les feuillets sont aux mains de Francesco Melzi, son disciple. Ce dernier ne s’y intéresse que lorsqu’il prend conscience qu’il peut les vendre, donc de les disperser. C’est là qu’intervient Pompeo Leoni qui récupère 10 volumes de feuillets. Pour les compiler, il découpe certains dessins et en colle jusqu’à 10 sur une même page. Le codex est envoyé à la cour d’Aragon mais l’affaire ne se fait pas. Enfin, Léonard le cède pour 300 écus au marquis Galeazzo qui en fera don à la Brera de Milan.
La suite est rocambolesque, le codex traverse les guerres et les restaurations. Mais il demeure, pour notre plus plaisir.
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