L’art du pastel. Rarement présentés au public à cause de leur fragilité, les pastels forment une création exceptionnelle dans l’art français. Ni dessin ni peinture, le pastel est pourtant une technique qui le fait élever au grand art. Depuis le XVIe siècle sa technique difficile attire les artistes qui veulent travailler rapidement. De Quentin La Tour à Vigée Lebrun, de Degas à Odilon Redon, cet art a séduit de nombreux artistes. Ces œuvres fragiles nous rapprochent des peintres par leur proximité avec l’étude ou le dessin préparatoire. Mais la majorité dévoilent la dextérité et le talents de ces grands artistes de l’avant-garde.
D’aucuns prétendaient que celui qui s’adonne au dessin est un grand artiste qui prépare ses œuvres. D’autres disent aussi que celui ou celle qui pratique le pastel craint d’aborder l’huile. C’est ce qu’on pouvait croire au XVIIe siècle où peu d’artistes pratiquaient ce genre. Mais le XVIIIe siècle qui aime les sujets intimistes et les portraits suaves se met à apprécier les crayons. Ainsi Fragonard séduira pour ses fusains, Maurice Quentin de la Tour séduira pour ses pastels. Quant à Elisabeth Vigée-Lebrun, elle portera cet art à son paroxysme.
Ainsi, cette dernière ouvrait la voie à un toute une mode de portraits au pastel qui n’ont pas le caractère du grand mondain à l’huile. Ils ont au contraire, une délicatesse élégante où le trait se prolonge par un dégradé de coloris saupoudrés comme du sable fin.
Après un retrait des cimaises sous la Monarchie de Juillet, le pastel revient en force dès le Second Empire. On le trouve sous forme de craie ou juste gras.
Mais les sujets évoluent. Toulouse Lautrec parmi les premiers, utilisera des pastels gras sur du carton pour croquer des scènes de cabaret. Edgard Degas pastelisera des scènes plus intimes, de toilettes de femme qui dénouent leurs longs cheveux devant des miroirs glacés. Marie Cassatt s’intéresse à la transparence des voiles, ceux des berceaux d’enfant ou des mousselines de soie qui ornent les robes de ses modèles.
L’art du pastel
Plus ténébreux, Odilon Redon travaille sur des fonds foncés et utilise le pastel pour mettre dans une lumière mystérieuse, les sujets issus de ses rêves. Renoir concentre ses sujets grâce à un cadrage resserré. Les cheveux de ses modèles enfantins brillent sous les effets crémeux de la matière grasse du crayon. Et l’on perçoit encore le support de ces portraits, feuilles de dessins, cartons ou papier japonais.