La reine Margot une reine sans royaume.

Fille d’Henri II et Catherine de Médicis , la reine Margot a souvent servi de pion dans l’échiquier politique voulu par sa mère. Elle n’en demeura pas moins une grande amoureuse, une femme politique raffinée et une inspiratrice des lettres et des arts. Elle est aussi la première femme à écrire ses mémoires. Ce qui reflète de manière personnelle une vie agitée dans un monde en guerre.

Lorsqu’elle naît le 14 mai 1553, la petite Marguerite reçoit le nom de sa grande tante. Fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, elle grandit dans le luxe de culture et d’amoralité. A la mort de son père, son frère ainé Charles IX monte sur le trône. Mais les Guise et les Condé menacent cruellement la  famille royale. Marguerite et son frère, le futur Henri III s’entendent bien et détestent le frère aîné, Charles. Par ailleurs, Marguerite grandit en beauté et devient un atout pour toute alliance. En effet, elle apprend plusieurs langues. Ronsard a sans doute versifié pour elle.

Marguerite a une foi très profonde et promet de résister à tout égarement. Mais elle rencontre le duc de Guise, pourtant chef du parti catholique mais grand ennemi du roi. Et ce dernier devient son amant. Puis, Charles IX obtient la correspondance entre le duc et Marguerite. Et alerté, il l’accable de reproches et de coups.

Pendant ce temps, sa mère Catherine scelle avec Jeanne d’Albret une alliance pour marier Marguerite au fils d’Albret, Henri. Ce dernier passe sa jeunesse  à la Cour de France. De son côté Marguerite rencontre souvent sa future belle-mère. Mais Jeanne d’Albret, huguenote, la juge trop bien habillée et trop fardée et se montre assez réticente. Si bien que la mort de Jeanne d’Albret sera une délivrance pour Marguerite qui se mariera en grande pompe.

Mais le jour de son mariage se termine dans le sang. En effet la reine a ordonné d’arrêter les ennemis protestants y compris Henri de Navarre et cela tourne au massacre. Henri de Navarre et ses proches seront contraints d’abjurer leur foi protestante dans la nuit. Et par la suite, Catherine proposera à sa fille de renoncer à son époux. Mais elle refuse: Vous m’avez mise près de lui, je dois y rester ».

Cependant le couple Henri et Marguerite mène une vie conjugale très libre. En effet Henri fréquente les maisons closes et Marguerite prend un amant. Il s’appelle la Môle et est éperdument amoureux. Mais cet amour irrite Charles IX qui le fait arrêter, torturer et décapiter. Marguerite se montre en place de grève pour récupérer la tête et l’enterrer. Elle porte un magnifique costume de deuil et des bracelets ornés de têtes de mort.

Cependant la phtisie emporte Charles IX. Catherine rappelle Henri alors sur le trône de Pologne. Pendant ce temps, Henri de Navarre, prisonnier au Louvre réussit à s’échapper et se cacher dans le Béarn. En revanche Marguerite reste au Louvre. Sur la promesse d’une conversion d’Henri de Navarre, Catherine accepte de lui rendre son épouse. Elle l’accompagne dans le Béarn.

Partout où Marguerite et sa mère passent, on acclamela jeune Margot. A Bordeaux, elle rencontre Montaigne. On encense la petite reine. Mais sitôt arrivée dans le Bearn, on l’enferme et on la maltraite. En effet son époux  lui reproche d’être stérile.

Finalement il accepte de la laisser retourner à Paris. Elle y installe une cour brillante fréquentée par les beaux esprits. Henri III, qui se farde comme sa sœur s’irrite qu’elle lui vole le sceptre de la mode. A ses critiques, elle répond par de vives accusations. Furieux, il lui enjoint de quitter Paris pour l’heure. Ainsi, Margot quitte à nouveau la capitale qu’elle ne reverra que vingt ans plus tard.

Elle retrouve un mari assagi. Sa nouvelle maîtresse Diane de Gramont a su lui donner le goût de la lecture et même des habitudes de propreté. Margot redoute que son mari ne devienne roi de France et se rapproche à nouveau de Guise. Henri, furieux, la fait enfermer dans le château auvergnat d’Usson.

Là elle mène une existence triste. Elle voit son corps s’épaissir et sa beauté s’en aller. Elle ne se lève que pour aller à la messe. Mais elle reçoit aussi la visite d’Honoré d’Urfé. Pendant ce temps, le pouvoir de son époux va croissant. Henri III n’aura pas d’enfants et finit par être assassiné. Henri de Navarre abjure et devient roi de France. On entame une négociation de remariage  auprès de la cour de Médicis. Les négociations de séparation avec Margot sont âpres mais toujours dignes.

Après la signature de l’accord, elle quitte avec soulagement Usson et se réfugie à Paris au château de Madrid. Elle a pris un nouvel amant, saint Julien et s’installe à l’hôtel de Sens. Elle est entourée d’une cour qui ne reconnaît plus cette reine si belle autrefois. En effet, elle a beaucoup grossi et s’affiche avec d’éternelles perruques blondes qui ne lui vont plus.

La fin de sa vie fut triste et honteuse. Un jour un page du nom de Vermond tue d’un coup de pistolet par jalousie son amant saint Julien. Elle exige le lendemain que le jeune page soit supplicié comme jamais. Elle mourut peu de temps après repentante et oubliée.

Rien de cela ne transparaît dans ses mémoires. On n’y voit plutôt une vie brillante et digne même dans l’adversité. Mais la reine dit implicitement ses valeurs intimes. Elle y récite un passé agité, dont elle offre une image transfigurée et sublimée.

La reine Margot une reine sans royaume

 

Véronique Proust