Kenwood House, chef-d’oeuvre d’Adam, située au nord de Londres, est une magnifique demeure décorée par Adam. Elle abrite une riche collection de peinture réunie par Edward Cecil Guiness et léguée à l’Etat britannique à sa mort en 1927.
On admirera les décors neo-classique des deux frères Adam, James et Robert, le mobilier et la magnifique bibliothèque. Par ailleurs, la maison abrite une riche collection de peintures. En effet, on peut admirer la joueuse de guitare de Vermeer, le portrait d’homme de Franz Hals, l’autoportrait de Rembrandt. On peut aussi admirer les très beaux portraits de l’aristocratie anglaise de Gainsborough et Reynolds.
Kenwood house est peut-être célèbre pour la collection de peinture réunie par la famille irlandaise Guiness. Mais elle est aussi une magnifique demeure construite à la demande de William Murray
Ce dernier était un écossais modeste qui partit travailler à Londres peu après l’acte d’Union au XVIIIe siècle. Cet acte rapprocha l’Angleterre et l’Ecosse par un biais économique. Les Ecossais purent désormais travailler et vivre en Angleterre. Aussi Murray profita de la situation pour quitter le château familial à 13 ans et étudier à Londres.
Là, il grimpa l’échelle sociale par le biais de l’étude et pas n’importe laquelle: Christ Church à Oxford, Westminster School …Il fait la connaissance de personnages influents et devient leur ami. Il fait aussi la connaissance d’artistes: Alexandre Pope, poète et écrivain et Robert Adam. A cette époque Adam réussit dans l’architecture et devient la vedette chez tous les aristocrates argentés. Et ces derniers l’appellent pour construire leurs demeures.
Puis William épouse Elisabeth, une jeune fille de bonne condition, dont le père l’introduit dans la classe aisée du royaume britannique de l’époque. Il devient comte. Ce mariage heureux ne donne pas d’enfants malheureusement . Mais William adopte alors deux filles: Elisabeth et sa cousine Didon. Cette dernière est métisse, elle est le fruit d’une liaison entre son frère, capitaine de marine aux Caraïbes, et d’une antillaise. La belle Didon nait de cette union et William l’éduque sur le même pied d’égalité qu’Elisabeth. Cette dernière est sa cousine. C’est une petite anglaise légitime et bourgeoise.
Cette ouverture d’esprit et cette générosité se reflètent dans la qualité de la décoration de Kenwood house, faite d’élégance et de bon goût. A commencer par les salons du rez-de-chaussée. En effet la salle à manger comporte un décor léger de stuc sur fond bleu pâle. On y distingue des attributs du repas: des grappes de raisins ou des figures de Cérès. On remarquera les détails très fins sur la cheminée comme dans le décor peint du plafond. Et ce sens du détail propre à tout grand architecte est partout présent dans cette demeure.
La bibliothèque elle-même confirme ce bon goût. Cette grande pièce rectangulaire comporte trois parties séparées par un savant jeu de colonnes avancées. De chaque côté des tableaux alternent avec des bibliothèques. C’est là que William Murray recevait ses amis et dressait une grande table propre à recevoir ses amis et réaliser de grands dîners. Le beauté du décor réside dans le plafond où alternent des stucs blancs sur fond bleu façon Wedgwood. En effet, Wedgwood lui même décorateur célèbre a fait partie du cercle d’ami de Murray. Il n’a pas travaillé à Kenwood House mais dans d’autres propriétés de Murray.
C’est dans l’ancienne salle à manger que l’on trouve les les chefs-d’oeuvre de la collection Guiness . A commencer par le merveilleux autoportrait de Rembrandt. L’artiste se montre sans concession, âgé d’une soixantaine d’années (La toile est datée de 1665), dans une posture simple comme la plupart des quelques 80 ou 100 autres présentations qu’il a faite de lui-même tout au long de sa vie. L’artiste à cette époque n’est pas très heureux. IL vient de perdre sa compagne et il n’a pas les moyens de payer son enterrement, il a perdu aussi son fils, Titus, et est en proie à de multiple soucis financier dus à sa séparation de sa première femme dont l’union était aussi pour lui une grande source de revenus.
Plus loin et dans la même salle on peut admirer la jeune femme à la guitare de Vermeer magnifique portrait de jeune femme, dont le modèle pourrait être celui de sa fille. ON voit ici un peintre toujours fidèle à une magnifique représentation de la femme mais aussi de l’intérieur d’une pièce hollandaise, dont la lumière secrète ici vient sans doute de la droite.
On admirera aussi dans la même salle le magnifique portrait d’homme de Franz Hals dont l’allure légère, prise au dépourvu, avec une chevelure ébouriffée, est en réalité le fruit d’un véritable travail sur la réalité du portrait et l’acuité psychologique propre à rendre un individu crédible et artistique à la fois.
De Van Dyck on admirera le portrait du duc de Richmond en habit de chasse. Ce personnage aux cheveux long d’une élégance typique de l’époque des Stuart, tourné la tête vers nous et nous montre son chien qu’il a affublé d’un collier, marque de remerciement de son maître pour lui avoir sauvé la vie.
Les salles suivantes accueillent des toiles de Gainsborouth et Reynolds, les grands portaitistes de la société anglaise des années 1820.
Plusieurs portraits d’enfants de Reynolds et Gainsborough attirent notre attention, on y perçoit la fluidité des drapés des robes et des voiles, qui se mêlent au traitement léger de la verdure. Gainsborough a en effet hérité de la tradition anglaise des portraits en pied dans un paysage, introduit durant le règne de Charles Ier par Anton Van Dyck. Le portrait de Lady Mary Leslie entourée d’agneaux, symbole de l’innocence, en est un vivant exemple.
Après le départ des Murray, Kenwood house resta à l’abandon avec son magnifique parc de 320 hectares. C’est alors qu’Edward Cecil Guiness rachète l’ensemble et installe sa magnifique collection de peinture dans les lieux. Il lègue ensuite la propriété à l’Etat anglais en 1927. Grâces lui soient rendues.