Ilya Répine et les musiciens. Cet artiste majeur de la peinture russe de la fin du XIXe siècle était très proche des poètes et des musiciens. Il a peint de nombreux portraits dont celui de Moussorgski ou de Rimsy Korsakov avec qui il entretenait une solide amitié. Son ouverture d’esprit le rendait aussi proche des artistes poètes et écrivains russe de cette fin de siècle.
Ilya Répine était très proche des artistes, peintres et musiciens de son temps. En effet, Répine créait de nombreux portraits de ses contemporains russes à la fin du XIXe siècle. Pour exemple il représenta Glinka, grand musicien et créateur d’opéra dans son lit d’un air songeur. Le musicien sous le pinceau de Répine apparaît comme un sybarite lové dans son lit. Il semble attendre l’inspiration en regardant sans doute le paysage qu’il aperçoit de sa fenêtre. Se rappelle t-il de ses séjours dans la Caucase, qui lui permirent très vite de donner à sa musique des intonnations exotiques venus d’orient?
Répine a aussi peint sa famille, ses enfants, des cosaques mais aussi de grandes compositions en rapport avec les évènements politiques de son temps. Mais à cette époque, les peintres russes étaient très curieux de l’histoire de la Russie mais aussi de son peuple. Dans ce cadre, le groupe des Ambulants mais aussi celui du groupe des Cinq avaient leur place à Saint-Pétersbourg. En effet ces mouvements artistiques avant-gardistes, avaient des idées esthétiques communes. Pour exemple, ils étaient réactionnaires mais aussi militantes. Par ailleurs ils prônaient l’art pour l’art et non l’art pour la nation. Et elles étaient très sensibles à l’avant-gardisme en Russie.
Ces mouvements allaient chercher dans les villages l’inspiration floklorique d’un peuple oublié. Dans ce cadre, le compositeur Glinka n’était pas le seul, car Rimsy Korsakov faisait de même. Et le rôle de Vladimir Stassov, critique d’art et écrivain a été important pour cette rencontre entre le monde de la musique et celui de la peinture en Russie. Stassov était militant, batailleur et polémiste et dans son portrait, Répine, montre cet aspect-là.
Ces artistes peintres s’intéressaient au peuple, surtout le peuple miséreux. A ce titre, il est intéressant de développer une peinture réaliste prête à dépeindre cette misère. Pour leur part, les compositeurs aimaient s’inspirer du folklore et des chants populaires mais aussi de la nature de l’esprit populaire russe.
Répine se plaisait aussi de peindre des scènes tirées des opéras russes et de leur légende. Il est le contemporain de Rimsy Korsakov né en 1839. Ils ont 4 ans d’écart puisque Répine est né au début de l’année 1844, comme Moussorski d’ailleurs. L’artiste le représente assis sur un fauteuil, à l’écoute d’une voix ou d’une musique, tout à son inspiration.
En revanche, pour le portrait de Moussorski, il le représente le visage bouffi par l’alcool. Cependant, il préfère montrer l’immense musicien plutôt que l’homme déchu par sa maladie. C’est du reste l’un des rares portraits magnifiques du grand musicien. Mais il montre très bien la différence entre le délabrement physique et la lumière artistique qui émane de ses yeux. Il décèdera à 41 ans.
En 1887, Répine réalise un portrait d’Alexandre Glazounov , musicien célèbre célébré plus tard par Dimitri Chostakovitch. Nous sommes alors dans les années 1920 de la révolution bolchevique. Compositeur, chef d’orchestre et pédagogue de premier plan, il noue d’amicales relations avec le peintre qu’il admire et qui lui dédiera sa Rhapsodie orientale pour grand orchestre (1890).
Enfin, sous le pinceau d’Ilia Répine, le légendaire pianiste Anton Rubinstein apparaît sous sa chevelure abondante, les bras croisés, le visage volontaire et lointain. Il sera aussi le fondateur du conservatoire de Saint-Pétersbourg, sur cette toile élaborée en 1881.
Ilya Répine et les musiciens.
Véronique Proust