Giacometti et ses contemporains. L’artiste notait dans ses carnets ses points de vue sur l’art de ses confrères et de ses prédécesseurs. Leur lecture nous a permis de le resituer parmi eux. Ainsi l’art de Maillol, Brancusi, Laurens, Zadkine Henri Laurens ou Germaine Richier nous permet de mieux comprendre la position du sculpteur italien parmi ses contemporains.
On ne se lasse pas d’aimer la sculpture d’Alberto Giacometti. Cet artiste italien né en Suisse se forme à l’école de son père lui-même peintre. Ce dernier le pousse à s’installer à Paris en 1922 où il entre dans l’atelier d’Antoine Bourdelle. Nous sommes alors à Montparnasse dans les Années Folles. Les artistes détestent qu’on les inscrivent dans la section « d’École de Paris » mais il sen sont. Ainsi Modigliani, Foujita, Zadkine, Kisling, Pascin, Lipschitz mais aussi Rodin. Ainsi, tous ces grands artistes deviennent des amis du sculpteur et l’intègrent dans leur ronde.
Giacometti est de suite préoccupé par la question du totem et de la figure hiératique égyptienne ou africaine. Il se détache de Rodin et crée des figures cubistes qui rappellent Miro ou Picasso. Puis il en vient à des figures d’hommes et de femmes qui marchent dans un espace clos. On y retrouve l’influence de l’art égyptien, grec et africain. Il crée d’abord des copies de sculptures de Bourdelle et en vient à un art plus personnel dénué de chair. En effet, dès les années 1935, le maître-mot du sculpteur est « épuration ». Il n’est pas le seul à réfléchir sur ce concept de sobriété, Brancusi, Laurens et Zadkine y viennent à travers l’abstraction géométrique
Son mariage avec Annette Arm va lui permettre de multiplier ces figures. La jeune fille pose pour lui des heures durant et lui ouvre la voie vers la figure nue du visage et du corps avec une infinie possibilité. Giacometti en sort des dessins noir et blanc de grande dimension sublimes. Annette est à la fois de face et de profil, ses portraits sont intemporels.
Véronique Proust