Filippo Lippi un peintre florentin de la Renaissance
Ce grand peintre florentin de la Renaissance est orphelin et recueilli très jeune par les moines du couvent des Carmes de Florence. Destiné à la prêtrise, il y grandit et prononce ses vœux vers l’âge de 15 ans. Mais le jeune moine n’a aucune vocation si ce n’est d’être peintre…Aussi quitte-t’il le couvent vraisemblablement en 1431 pour ne plus y revenir.
En 1434 l’artiste se rend à Padoue et peut-être à Naples. Dans cette ville, l’activité artistique dévoile une grande sensibilité à la peinture flamande, ce qui amène l’artiste à revisiter la forme figurative. Ainsi, ses premières œuvres sont des Vierges à l’Enfant dont les visages sont moins graves que ceux de Masacccio, et beaucoup plus doux. Ainsi la Madone de Corneto Tarquinia de 1437 se conçoit dans une sorte de cloître profond et ouvert sur un jardin. Les plis de la robe de la Vierge ont une épaisseur nouvelle qui accentue le réalisme de la figure. Par ailleurs, la tendresse spontanée qui anime le geste tendre de la Vierge fera désormais partie de la griffe de l’artiste.
Cette recherche spatiale s’amplifiera dans les œuvres suivantes. Tel est le cas de la Madone avec des anges et des saints du musée du Louvre. En effet, au-delà de la coordination entre les arcades du retables et les colonnes peintes sur la toile, c’est le travail de l’atmosphère qui caractérise cette œuvre. Les mimiques des anges, le travail des drapés et la lumière diffuse contribuent à la majesté de la scène.
A son retour à Florence, il ne réintègre pas le couvent des Carmes et continue à peindre. Sa rencontre avec Lucrezia Buti, religieuse de 20 ans, va transformer sa vie. Elle lui sert de modèle dans la plupart de ses panneaux. La sachant enceinte, il l’enlève en 1452 ce qui provoquera la fameuse affaire Lippi. En effet, accusé par la justice d’avoir corrompu une innocente il est porté en justice. C’est son mécène, Cosme de Médicis qui interviendra auprès du pape Pie II. Ainsi, ce dernier accorde la grâce à Lippi et relève de leurs vœux les deux protagonistes.
Lucrezia donnera deux enfants à l’artiste, Filippino, qui sera également peintre et Alessandra. Lippi continue à peindre. On lui connaît un caractère excentrique, impulsif et passionné, cherchant constamment à se renouveler.
Toute aussi scandaleuse que fut sa vie, Filippo Lippi n’en réalise pas moins des œuvres d’une spiritualité intense. En effet, dans la conception des espaces, l’artiste va plus loin que Masaccio, maître incontesté de la peinture florentine. Ses madones posent dans des espaces clos dont les ombres et les lumières décrivent une certaine atmosphère. Ses visages sont expressifs et d’une grande intensité.
Le musée des Offices de Florence possède un grand retable représentant le Couronnement de la Vierge. Composé sur deux registres, la scène se passe de façon un peu théatrale et de manière fort différente de la disposition traditionnelle. La Vierge est couronnée dans la partie supérieure sur une sorte d’estrade où l’accueille Dieu le Père. La niche à l’antique dans laquelle il se trouve est baignée d’une atmosphère mystérieuse.
En contre-bas et au premier plan, une série de personnages assistent à la scène et nous prennent à témoins. Sur la droite, le donateur agenouillé prie. Enfin sur les côtés, des anges munis de fleurs de lys accompagnent la scène dans une nuée d’un bleu intense.
Désormais Filippo Lippi se fera une spécialité de visage de vierges qui reproduisent presque tous ceux de Lucrezia. Le musée des Offices possède aussi une Vierge accompagnée de deux anges sous les traits de la jeune femme. On y décèle toute la grâce de la jeune femme que Lippi transforme en beauté divine. La Vierge se recueille sur son enfant et son profil délicat aura une grande influence sur les Vierges de Botticelli.
A partir de 1452, Filippo Lippi entame un vaste chantier au Prato dans une série de fresques dédiées à Saint Jean-Baptiste. L’artiste utilise pleinement la perspective pour donner à ses scènes une dimension réaliste. On retiendra la salle du banquet d’Hérode avec son carrelage en récession et ses murs en perspective. Au centre, Salomé s’impose dans sa danse dont les oscillation marque sa robe d’élégantes arabesques. Néanmoins, l’atmosphère étrange annonce l’issu dramatique de la scène. En effet, au cours de la danse des Sept voiles, Salomé dénoncera saint Jean Baptiste et provoquera a condamnation à mort.
En 1465, Botticelli entre dans son atelier. Le maître le forme en l’influençant particulièrement. Filippo Lippi s’éteint en 1469 à Spolète.