Elisabeth Vigée-Lebrun une femme peintre à l’Académie. Cette artiste est un des plus grandes portraitistes de la fin du XVIIIe siècle. Douée d’un talent immense, elle fut l’une des premières à entrer à l’Académie de peinture. Par ailleurs, être la portraitiste attitrée de la reine Marie-Antoinette lui a valu des heures de gloire. Mais elle a du s’échapper de France pour se protéger de la Révolution Française.
Élisabeth Vigée est fille de peintre, comme beaucoup de femmes de cette époque qui embrassent cette carrière. Elle apprend sans doute en copiant des œuvres dans l’atelier de monsieur Lebrun qui possède une galerie dans le quartier Bonne Nouvelle . Ce dernier remarque ses talents et lui ouvre la voie sur ses clients désireux de se faire portraiturer. Élisabeth fait rapidement son chemin.
Ainsi, elle devient membre de l’académie saint Luc en 1774. En 1776, elle épouse Jean-Baptiste Pierre Lebrun, marchand de tableaux rue de Cléry. Et grâce à son talent et aux relations de son mari, elle devient la portraitiste attitrée de la reine. Cette dernière, Marie-Antoinette, intervient pour qu’elle soit reçue en 1783 à l’Académie royale de peinture. C’est une première pour l’époque. En effet, n’acceptait du bout des lèvres qu’un quota de 4 femmes.
De son mariage, elle confiera plus tard « … Hélas, j’ai dit oui et j’ai changé mes peines contre d’autres peines. Ce n’est pas que Monsieur Lebrun fut un méchant homme…Mais sa passion effrénée pour les femmes de mauvaises mœurs jointe à la passion du jeu, ont causé la ruine de sa fortune et la mienne, dont je ne possédais pas vingt francs de revenus, après avoir gagné, pour ma part, plus d’un million. Il avait tout mangé ». On aura compris, son mariage ne lui apporte rien sur le plan sentimental mais il lui ouvre la porte des salons.
Madame Vigée-Lebrun et sa fille est un tableau qui frappe pour sa modernité mais aussi parce qu’il reflète son temps. En effet, les idées de Rousseau influencent sur le concept de l’éducation. Le sentiment longtemps occulté et l’amour de la nature sont au cœur des préoccupations artistiques. Ainsi, Élisabeth Vigée ne réalise pas qu’un simple portrait mais concentre son attention sur la tendresse qui unit la mère et la fille. Par ailleurs, l’artiste affiche son admiration de l’Antique. Aussi a-t’elle jeté sa perruque pour s’habiller en Hélène.
On retrouve ce même sentiment maternel dans le grand portrait de Marie-Antoinette et ses enfants. L’amour de la nature, cher à cette époque entraîne Vigée-Lebrun à valoriser la fertilité heureuse de la reine et son rapprochement sensuelle de ses enfants. Cette abondance, indice de vigueur et de joie se traduit aussi sur les carnations sensuelles et appétissante de l’Abondance que ramène la paix. Et les carnations de grande fraîcheur ne sont pas sans rappeler Rubens.
Cependant à la Révolution Française, elle est menacée du fait de sa proximité de la Cour. Elisabeth prend la fuite et s’exile à Rome puis à Naples où elle rejoint Talleyrand. Son mari demande alors le divorce pour désertion du foyer familial afin de récupérer son fonds de commerce pour éviter la ruine. Elle part ensuite en Russie. Puis elle revient en France en 1801, peint les portraits bonapartistes, s’installe à Londres et revient à Paris. Elle tient salon et peint des paysages en effectuant quelques voyages. Mais sa palette est plus sombre, sans doute un reflet du romantisme. Mais à la fin de sa vie elle perd la vue et mourra en 1842.
Elisabeth Vigée-Lebrun une femme peintre à l’Académie
Véronique Proust