Des Cocottes aux Grands Boulevards visite. Cette promenade historique et coquine vous fera découvrir les dessous de la vie parisienne sous le Second Empire. Directeurs de théâtres, princes, actrices et courtisanes en fréquenteront les haut lieux que l’on découvrira. Anecdotes sulfureuses à l’appui et véritable tableau vivant de la société parisienne des années 1870.
Entre la Madeleine et le théâtre du Gymnase, les Grands Boulevards forment une artère incontournable qui charrie sous le Second Empire les célébrités françaises de l’élégance. En effet, on y côtoie les gens de théâtre, de l’art, de la politique et des affaires. La partie la plus élégante est le boulevard des Italiens. Là, l’après-midi, les femmes honnêtes vont au salon de thé. C’est le seul endroit où on les autorise à entrer seules. Mais elles disparaissent à la tombée du jour pour laisser place aux Lorettes. Ces dernières chassent l’étudiant, le directeur de théâtre, le journaliste ou l’employé de banque. Issues d’un milieu souvent modeste, elles ont tout appris du désir masculin et savent y faire.
Les cocottes, courtisanes et lorettes sont connues aujourd’hui mais ce sont les auteurs qui les ont le plus décrites. De Balzac à Flaubert, de Zola à Maupassant, nous pourrions presque mieux les connaître à travers les écrivains. Ainsi, Alphonsine Duplessis, Dame aux camélias, la plus grande courtisane de Paris s’éteint à 23 ans dans son petit appartement du Bd de la Madeleine. Et à deux pas, le célèbre Chez Maxim’s attire las financiers et les dandys et de nombreuses affaires savoureuses s’y nouent. Parfois il arrive qu’on pousse les tables pour chahuter un peu.
Sous le Second Empire les boulevards forment le temple des plaisirs et des divertissements. Tout d’abord les théâtres, très nombreux, ont favorisé les bouillons, restaurants et cafés où on allait souper après le spectacle. Les boutiques de curiosité attiraient les couples friands d’exotisme. Par ailleurs, la largeur des trottoirs favorisait les spectacles de rues. C’est là qu’on pouvait se promener dans des tenues élégantes, croiser des connaissances, retenir un regard, surprendre, attirer et sourire malgré soi.
Certains cafés redoublaient d’imagination pour attirer une clientèle friande de plaisirs. En effet, place de l’Opéra le très sélect café de la Paix étaient le rendez-vous de toutes les nations. Sa position stratégique fait une grande partie de son succès. C’est le lieu où se rendre pour croiser journalistes et financiers mais aussi Proust et Hemingway. Plus loin, au restaurant Paillard, la carte n’est pas chiffrée. Le roi Edouard VII s’y rend pour déguster une choucroute, mais Liane de Pougy préfère le boeuf mode. Enfin, plus loin au Café Anglais, les hommes y emmènent volontiers leur maîtresse. Et pour cause, le restaurant possède des cabinets très intimes où repas copieux et libertinage font la paire.
On se rappellera alors le célèbre moment où dans le cabinet numéro Seize, Cora Pearl, maîtresse du duc de Morny aurait dévoilé ses seins au cours d’un dîner de femme, étendue nue sur un immense plat d’argent. Au Café Riche cependant, on y emmène plutôt dîner son épouse. Mais si elle s’y prête volontiers, on peut organiser des parties fines entre « ménages-amis ». Les cabinets du Café Riche, situé plus loin étaient aussi très prisés et donnaient lieu à une débauche raffinée.
Au niveau supérieur se tiennent les courtisanes. Elles accompagnent dans les grands restaurants certes, mais elles se produisent en tant qu’artiste. Car, à l’instar des geishas japonaises, elles sont avant tout artiste.
Beaucoup se produisent aux Folies Bergères. En effet, le 24 avril 1894, le programme cite la Belle Otero, Liane de Pougy, les Fleurs Barrison et Fleur de Lotus. Liane de Pougy y fait un numéro de magicienne. Les Espagnolades de la belle Otero suscitent beaucoup d’enthousiasme. Mais la presse n’est pas dupe, et indique que les managers placent en grande vedette la femme plutôt que l’artiste..En effet, le directeur embauche cinq soeurs d’origine américaine. Leur spectacle est truffé de sous-entendu et de mots à double sens. Relevant leurs jupes jusqu’au genoux, elles interpellent la salle Would you like to see my pussy? (voulez-vous voir mon minou?). Quand le public n’en peut plus d’impatience, elles soulèvent leurs jupons dévoilant de véritables chatons accrochés à leurs cuisses.
Emilienne d’Alençon qui domptait autrefois les lapins au cirque d’été paraît dans la pantomime La Belle et la Bête. Elle forme avec Liane de Pougy et Caroline Otero « les Trois Grâces ». Puis, elle est la première à se promener sur les Grands Boulevards avec des chapeaux de Coco Chanel. Elle partagera le lit du roi Léopold II quand celui-ci ne sera pas dans celui de Cléo de Mérode.
A l’Olympia, Liane de Pougy triomphe avec le ballet pantomime de Jean Lorrain Rêve de Noël. Mata Hari s’y produit le 19 août 1905. Elle esquisse un « déshabillage précieux » mais on l’oblige tout de même à porter un collant sous ses voiles. Ce qu’elle refusera.
La reine de l’Opéra est évidemment Cléo de Mérode, où elle est élue « reine de beauté ». Le roi Léopold II en fut la première victime. Si tu veux être madame Léopold, tu aurais hôtel à Bruxelles, villa à Ostende lui susurre-t’il à l’oreille….
A suivre…
Véronique Proust
Des cocottes aux Grands Boulevards, visite possible tous les jours. Renseignements 01 42 80 01 54