LES DEBUTS A LA SALPETRIERE
Né en 1825, Jean Martin Charcot obtient un baccalauréat en lettres. Mais il opte les sciences et repasse un baccalauréat de sciences. Il suit des cours de médecine et est admis au concours de l’internat des hôpitaux de Paris en 1848. En 1851 il travaille à l’ Hopital de la Charité aux côtés de Pierre Briquet et découvre l’hystérie. En 1852, Jean Martin Charcot effectue son internat à l’Hôpital de la Salpêtrière qui, depuis 1849, sert d’asile pour cinq mille vieilles femmes pauvres.
Charcot remarque que la La Salpêtrière héberge de nombreux malades souffrant de maladies nerveuses rares ou inconnues et constitue donc un excellent terrain de recherches cliniques. La thèse de médecine que Charcot soutient en 1853 constitue une étape importante dans l’histoire de la rhumatologie en ce qu’elle différencie les mécanismes de la goutte de ceux des rhumatismes.
En 1862, Charcot est nommé médecin chef de l’un des plus grands services de la Salpétrière.
Dans les années 1860, il est rejoint par Joseph Babinski, qui devient son élève préféré. Entre 1862 et 1870, Charcot fait une série de découvertes qui font de lui le plus grand neurologue de son époque. Il décrit la sclérose en plaques avec Alfred Vulpian en 1868, la sclérose latérale amyotrophique, dite « maladie de Charcot », l’ataxie locomotrice. Les recherches de Charcot se fondent en grande partie sur l’utilisation systématique de la méthode anatomo-clinique, qu’il définit comme l’étude soigneuse des symptômes associée à la constatation du siège anatomique des lésions après la mort .
LES TRAVAUX SUR L’EPILEPSIE ET L’HYSTERIE
En 1866, Charcot débute un cours sur les maladies des vieillards, les maladies chroniques, l’anatomie et la physiologie du système nerveux qu’il ouvre au public à partir de 1879. L’année suivante, il ouvre également au public la consultation externe de la Salpêtrière.
En 1878 sous l’influence de Charles Richet, Jean Martin Charcot comme à utiliser l’hypnose comme science expérimentale pour étudier l’hystérie. L’hypnotise représente pour lui la part expérimentale de ce qu’on appelle la névrose hystérique.
A la Salpétrière, on sépare alors les aliénés, les épileptiques non aliénées et les hystériques et comme ces deux catégories étaient prises de convulsions, on décida de les réunir dans un quartier appelé quartier des épileptiques simples. La plupart présentait les mêmes problèmes : vomissement, perte d’appétit, envie de dormir tout le temps y compris le jour, dépression, mal de tête, maladie de peau, mauvaise haleine. La majorité des femmes malades étaient des jeunes filles dont les familles se débarrassaient. A cause de la promiscuité, les jeunes hystériques finissaient par mimer les épileptiques dans leurs crises donnant parfois presque l’impression que les hystériques étaient atteintes d’épilepsie.
L’HYPNOSE ALORS INTERDITE
Pour observer l’hystérie, Charcot utilise deux techniques, l’hypnose et la photographie.
Avec l’hypnose, Charcot tente de prouver que l’hystérie a une origine psychologique et que ce n’est pas une lésion du cerveau qui la provoque. Ainsi, l’hypnose permet de guérir les symptômes hystériques. Pourtant, la technique de l’hypnose était interdite depuis les controverses et les scandales provoqués par les travaux de Franz-Anton Mesmer au temps de Louis XVI. Cela n’empêche pas Charcot de l’utiliser en public lors des « leçons du mardi ». Le tableau de Bouillet nous montre le professeur avec sa patiente, la petite Blanche en pleine séance d’hypnose. Parmi les élèves, Sigmund Freud.
Il traite alors des patientes en prouvant que ce sont d’intenses moments d’émotion qui provoquent les crises. En même temps, il arrive à recréer sous hypnose, les symptômes de l’hystérie à des patients qui n’en sont pas atteints.
Jusqu’à présent, on a définit l’hystérie comme une pathologie féminines, à cause de l’éthymologie latine du mot hysteria qui signifie uterus. Charcot arrive à démontrer que ça n’est pas qu’une maladie féminine. Pour mieux étudier les bâillements, les rires ou les extases de ses patientes, il utilise la photographie.
LES LECONS DU MARDI
Charcot réunissait ses élèves et présentait à chaque fois une malade différente. Puis, il faisait des démonstrations pour expliquer des pathologies. Ainsi il inventait l’enseignement non pas d’une clinique passée mais d’une clinique qui se passe. Il commence par le bâillement comme syndrome d’épilepsie ou de schizophrénie.
Les élèves apprennent le déroulement analytique aboutissant au diagnostic, comme une sorte d’enquête policière.
De plus, il propose des idées originales, des annonces de travaux potentiels .
Des intellectuels, tels Maupassant, Zola, Daudet, ou encore les frères Goncourt, y assistent.
Par ailleurs, Charcot publia ses cours pour en faire des recueils de médecine. Il travaille aussi bien sur les cas de syphilis, de paralysie faciale, d’épilepsie légère ou de neurasthénie. Il fait aussi des observations sur la myopathie, l’hystérie, définissant les origines les unes après les autres. Les unes se développent à cause d’un traitement au mercure, à cause de l’alcoolisme. A ce propos, il travaille aussi sur l’hystérie et la neurasthénie chez l’homme.
CHARCOT ET LES DAUDET
Charcot a défendu plusieurs innovations thérapeutiques comme le « fauteuil trépidant » visant à améliorer les tremblements des parkinsoniens. ON lui doit aussi la ceinture de compression ovarienne pour interrompre les crises d’hystérie. Enfin, le traitement de suspensions qu’il utilisa pour soigner Alphonse Daudet. Ce dernier avait contracté la syphilis à 18 ans lors sa jeunesse tapageuse de Bohème. Cette forme particulière de syphilis, la « neurosyphilis » provoquait une dégénérescence de la colonne vertébrale qui fit de la vie de Daudet un véritable calvaire. Le seul traitement était de s’injecter des doses de morphine plusieurs fois par jour. Charcot, utilisa le traitement de suspension, dont le but était d’étirer la colonne vertébrale. Ainsi le patient était suspendu tous les jours pendant quelques minutes par un harnais fixé au cou.
Le fils d’Alphonse Daudet, Léon, que l’on connaît surtout pour sa carrière politique entame en 1885 des études de médecine. Il fréquente le corps médical et particulièrement Charcot. Mais son échec au concours de l’internat en 1891 l’amène à écrire Les Morticoles en 1891, caricature du monde médical. Il faut dire que ses convictions royalistes l’opposent au Charcot dont les convictions républicaines ne font plus de doute. En effet, le professeur était anti-clérical et adhérait au matérialisme scientifique. Par ailleurs, il n’hésitait pas à proclamer que saint François d’Assise ou Thérèse d’Avila étaient des cas pathologiques d’hystérie. Mais il ne le prouva jamais.
C’est cette prétention qui exaspérait Léon Daudet qui, par ailleurs doutait du traitement que Charcot infligeait à son père. Daudet prétendait que Charcot s’intéressait à la maladie, pas au malade. Il l’accuse de parler latin pour que les malades ne le comprennent pas. Enfin, plus loin, qu’il na jamais permis aucune initiative à ses élèves dans le domaine de ses idées sur l’hystérie, l’ataxie et la sclérose en plaques.