Chagall, de Vitebsk à Paris. Cet artiste russe né à Vitebsk nous a livré des toiles inspirées de la vie du peuple juif en Europe de l’est. Elles nous parlent aussi d’amour, de la joie du couple, de poésie, de religion, d’exode, de douleur et d’amour. Ce peintre n’appartient à aucune école et pourtant il a dominé toute l’avant-garde du XXe siècle.
Chagall, de Vitebsk à Paris
Né à Vitebsk en 1887, Chagall est fils et petit fils de rabbin et son enfance est très marquée par la religion israélite. En 1905, il arrive à Saint-Pétersbourg et suit l’enseignement de Léon Baskt. Là, il rencontre des peintres français mais aussi toute l’avant-garde artistique. Conscient que le gouvernement russe ne le laissera pas s’exprimer complètement, il décide de partir à Paris, laissant derrière lui Bella, son grand amour. Nous sommes en 1910. A Paris, le cubisme domine la scène artistique mais le peintre ne s’y retrouve pas. Il reste avant-tout attaché aux aplats de couleurs pures qui irradient toute la toile comme un grand champ poétique. Puis il se lie avec Apollinaire, Blaise Cendrars et Robert Delaunay. Il connaît aussi à la Ruche des années de bonheur et d’extrême pauvreté. Il connaît aussi les artistes russes de Montparnasse.
En 1915 de retour en Russie, il épouse Bella. Leur fille, Léa naîtra le printemps suivant. Leur amour transparaît dans toutes ses toiles. C’est le cas des Amoureux en vert. A cette époque il représente son environnement, essentiellement des vues de Vitebsk. Là, les maisons s’attachent les unes aux autres par une mémoire commune où pauvreté solidarité et religion se mélangent. Les tons chauds et froids se répandent également et nous plongent dans un univers mystérieux et attachant à la fois. Dans le ciel, le poète vole. Ce type de représentation lui vaudra l’amitié des Surréalistes. Mais il refusera de se joindre à eux car il ne se reconnaît pas dans leur mouvement.
A partir des années 20, les symboles sacrés s’invitent dans ses toiles. On y retrouve l’image du rabbin, du porteur d’eau (qui était le travail des juifs), de la Menorah, du juif errant. Par ailleurs, on trouve tout un bestiaire chagallien tel que la vache, le coq, la chèvre ou le poisson. Chagall, qui attendait beaucoup de la révolution russe de 1917 est très vite déçu. Il décide de joindre Berlin puis Paris à partir de 1922. Là, il rencontre Vollard qui devient son marchand. Ce dernier l’encourage à peindre des sujets bibliques. De là toute une série d’illustration sur la Bible ou bien les Béatitudes. Car la religion le marque tant qu’il effectue en 1933 un voyage en Palestine où il réalise de nombreuses toiles ainsi que des figures de Patriarches et de Prophètes en gouache et à l’huile.
Dans ses toiles, Chagall laisse toujours éclater la couleur mais elle est extrêmement travaillée. Ainsi une sorte d’orphisme rayonnant inonde la surface où plane des personnages et des animaux comme un grand rêve onirique. Mais en 1937, la menace nazie l’oblige à émigrer aux Etats-Unis. Trois de ses toiles sont exposées à la rétrospective des peintres « dégénérés ». Sa peinture reflète les événements de sa vie et les sujets du moment. Ses Christs crucifiés dont le Christ jaune citron irradie toute une foule dans le noir évoquent l’Exode et annonce la Shoah. C’est le cas de son triptyque Résistance, Résurrection et Libération. On y décèle la douleur de la discrimination, des désastres de la guerre et de la tragédie du peuple juif.
En 1944, le décès subi de son épouse est une profonde douleur. Après un silence douloureux, il se remet au travail. Avec ses toiles Autour d’elle ou le Cheval rouge évoque l’amour figuré par un couple peint dans une composition au désordre apparent. Avec la toile A ma femme il rend hommage au bonheur conjugal. Dans un univers où le rouge de l’amour et le bleu dominent, des figures allongées se déploient comme dans un songe. Au fond, apparaît Vitebsk. On ne peut pas mieux exprimer la liaison intime entre Bella, l’amour et la nostalgie de la Russie natale.
A partir des années 50 c’est un temps d’apaisement pour Chagall. Il s’installe au village de Vence non loin de Matisse et Picasso. Là, il profite des couleurs que lui apporte la lumière du Midi.. Puis, il rencontre Valentina Brodsky qu’il épouse en 1952. Il réalise alors de nombreuses toiles que la galerie Maeght vend dans le monde entier. Il meurt à saint-Paul de Vence le 28 Mars 1985.
Chagall, de Vitebsk à Paris