Bonnard, le Nabi Japonard. Cet artiste né en 1867 et mort en 1942 nous a livré des toiles débordantes de couleur. Son appartenance au groupe Nabis le pousse à chercher l’arabesque et des tonalités de couleurs suaves. Il partage aussi avec Vuillard le goût des textures et avec Paul Elie Ranson l’amour de l’art japonais.

Pierre Bonnard est né à Fontenay-aux-Roses le 3 octobre 1867. La maison de Fontenay est pourvue d’une vieille demeure avec un jardin attenant où il apprend très tôt à connaître la nature et les bêtes. Il entre à Louis le Grand et affectionne les Lettres, le latin et le grec. Il manifeste aussi beaucoup d’intérêt pour le dessin et la couleur. En 1885, muni de son baccalauréat il fait alors sa licence en droit mais décide de se vouer à la peinture. Ses premiers tableaux sont de petits paysages qui ressemblent à des toiles de Corot.

En 1888 il rencontre Paul Serusier qui revient de Bretagne. Il lui montre le « Talisman » son tableau, « Le bois d’amour » qu’il a peint aux côtés de Gauguin.

L’organisation des couleurs est intense et cela émeut beaucoup d’artistes de cette époque qui forment le mouvement des Nabis. Bonnard est aussi ému et rejoint le groupe. Il retrouve Maurice Denis , Valloton et Bonnard.

Bonnard, Nabi Japonard

En 1892 il visite une exposition d’art japonais chez Durand-Ruel. Il en ressort bouleversé. Aussi, la même année, il peint Le peignoir représentant une femme de dos vêtue d’un peignoir dont la texture rappelle une peau de tigre peinte avec des couleurs suaves et profondes. Sur le mur, une estampe japonaise imite celles qu’il a vu chez le marchand d’estampes. Le format même de la toile rappelle celui des paravents japonais mais aussi l’approche de Gustav Klimt . Un artiste est né parmi les Nabis. On le surnommera le « Nabi Japonard ».

Marthe

En 1893, il rencontre Maria Boursin, dite Marthe, qui deviendra sa femme. Avec son corps gracile, elle posera des heures durant pour son époux. Ainsi, on la voit dans sa baignoire, s’habillant, étendue sur le lit et nue, ou bien debout dans l’entrebâillement d’une porte. Les coloris sont chaleureux, baignée d’une lumière électrique qui donne une atmosphère particulière. Jusqu’à sa mort en 1942, Bonnard peindra sa femme sans relâche. Par exemple, dans « le cabinet de toilette » peint en 1900, Marthe est peinte de dos et à contre-jour. La lumière est vive et tamisée à la fois par un jeu de miroirs qui l’estompe dans une palette où dominent le bleu pâle et le jaune.

En 1906, il rencontre Missia Sert. Cette dernière, de son vrai nom Missia Dobeska, est l’épouse de Thadée Natanson et mécène des peintres. Elle lui demande de réaliser 4 panneaux pour son salon du quai Voltaire qui représentent la musique et la danse. Bonnard réalise alors des panneaux où l’antique se mêle au présent pour évoquer la musique et la danse. On y retrouve quelques couleurs de Rubens.

Progressivement, Bonnard peint de nombreuses scènes d’intérieur. Il accorde de l’importance aux texture, au carreaux rouge de la nappe, aux rideaux. Marthe est souvent présente et se confond même avec les murs et la texture sensuelle des rideaux. Dehors, la végétation luxuriante apparaît à travers de larges baies sans rideaux. Ainsi l’extérieur et l’intérieur de la maison se confondent dans un bouquet de couleurs. C’est le cas de ses « Salle à manger » qu’il peint dans les années 30.

L’autre Bonnard

Par ailleurs, Bonnard a beaucoup dessiné et nous a livré de nombreux carnets de dessins et de croquis. Il a aussi réalisé de nombreuses photos. Quelques clichés magnifiques nous montre par exemple son appartement de la rue de Douai. Il a également réalisé de nombreux autoportraits. Et, lorsqu’il peindra dans sa maison du Canet, il nous livrera également de nombreux paysages et vues de son jardin. Bonnard était myope et peignait toujours très prêt de sa toile. Le mélange des couleurs était pour lui une obsession qui le tiendra jusqu’à ses derniers jours.