Barras l’homme du Directoire. Cet homme d’Etat n’a pas toujours eu bonne presse. Qualifié d’opportuniste, il fut l’homme fort du Directoire après avoir voté la mort du roi et fait tomber Robespierre. Mais après le coup d’État du 18 Brumaire, Bonaparte le condamnera à l’exil. Il ne reviendra pas sur la scène politique.
Né en 1755, il entre comme cadet-gentilhomme au régiment de Languedoc en ayant pour projet de partir dans les colonies. C’est ce qu’il fait à l’âge de 16 ans, en embarquant pour Pondichéry. Mais son bateau fait naufrage au large des Maldives et il échappe de peu à la mort. A Pondichéry il s’engage dans les troupes françaises pour défendre les colonies convoitées par l’Angleterre. Mais Pondichéry capitule en 1778 et Barras retourne en France.
Bien qu’il se marie en 1791, Barras est un intrépide coureur de jupons. Il fréquente le salon de Sophie Arnould et y rencontre Mirabeau et la comtesse de la Motte. Quand la Révolution française éclate, il est élu dans le département du Var et se charge de contrôler Toulon. C’est là qu’il rencontre le jeune Bonaparte . On le remarque pour ses qualités politiques, son ambition politique et son manque de scrupules. Il vote la mort du roi et devient un farouche républicain, alors qu’il est aristocrate.
Puis il rencontre Robespierre, qui après avoir fait arrêter Danton, ne songe qu’à faire fonctionner la guillotine. Barras continue ses manœuvres sans scrupules et participe activement à la chute de Robespierre et la fin de la Terreur. Sentant le vent tourner, il devient membre de la Commission des Cinq chargé de créer une constitution. La France possède alors deux chambres. Barras chef de la Convention veille à ce que la Terreur ne revienne pas et se méfie du retour des Royalistes. Aussi soutient-il Bonaparte tout en prétendant que le général est si pauvre qu’il doit se charger lui-même de l’habiller.
Il reçoit toute une cour dans son hôtel de Suresnes fréquenté aussi par les plus belles femmes, dont Joséphine de Beauharnais . On y voit également madame Tallien, mesdames de Staël et Récamier. Mais on dit aussi que son salon accueille des « trafiquants, des brasseurs d’affaire, des débauchés des deux sexes ».
C’est le règne des nouveaux riches où les grandes fortunes côtoient les plus grandes misères. Les factions se confrontent de plus belle, et Barras fait appel à Bonaparte. Puis il prétendra dans ses Mémoires que c’est grâce à lui que Talleyrand devint ministre
A cette époque Barras porte un habit bleu chamarré d’or et quand il sort, un manteau rouge et un chapeau à plumes. Il n’empêche que la presse le critique ouvertement ce qui exaspère Barras qui en perd son sang-froid. Les victoires de Bonaparte en Italie le rendent de plus en plus populaire et le Directoire sombre dans le discrédit. Barras sent à nouveau le vent tourner et propose ses services à Louis XVIII.
Mais le coup d’État du 18 Brumaire le surprend tant qu’il se présente piteusement à Bonaparte. Ce dernier hausse les épaule et lui donne une escorte pour l’accompagner à Grosbois puis en Belgique. Il meurt en 1829 à l’âge de 73 ans.