Axel de Fersen le sauveur de la reine. Ce prince suédois aima Marie-Antoinette au point de tout faire pour la sauver de la Révolution. Mais il échoua en dépit de sa fidélité et mourut dans des conditions terribles.
Axel de Fersen naît en 1755 dans une famille aristocrate suédoise qui a longtemps fourni des hommes politiques et des diplomates. A 16 ans, le jeune homme d’une grande beauté part faire le tour de l’Europe. Il reste deux ans en Italie puis il vient en France. Il est alors reçu à Versailles où il rencontre la dauphine au bal. Cette première rencontre est pour lui éblouissante. La jeune dauphine est magnifique. Walpole lui-même dira d’elle: Lorsqu’elle se meut, c’est la grâce en personne.
Le dauphin Louis a 16 ans, il est gros et joufflu, instruit mais sans esprit. La dauphine est généreuse et frivole et possède un amour immodéré pour les plaisirs. A la mort de Louis XV en 1774, voilà le jeune couple promu au trône de France. Fersen est rappelé par son père en Suède. Mais auparavant il doit passer par Londres où on lui a préparé un riche mariage. Fersen refuse le mariage, du reste il ne se mariera jamais et ne donnera pas d’héritier à son illustre famille.
Fersen obtient un poste auprès de l’ambassadeur de Suède à Versailles et est de suite admis dans le petit cercle du Trianon. La reine a changé depuis le premier soir du bal et la cour aussi. Jadis enthousiastes au sujet de la princesse, les courtisans se mettent à haïr celle qu’ils appellent alternativement l’Autrichienne ou Madame Déficit. De plus, en 7 ans de mariage, elle n’a toujours pas donné d’héritier. Pour autant Axel tombe amoureux de cette femme frivole et solitaire.
Mais il sait que cet amour est impossible. Aussi doit-il fuir et la guerre d’Amérique en est l’occasion. A l’annonce du départ du comte, les proches de la reine noteront son immense tristesse et les larmes couler sur son visage. L’absence de Fersen dura 3 ans. A son retour à Versailles il retrouve une reine moins frivole, devenue femme et mère. Bien qu’on lui reproche d’intervenir pour l’Autriche et contre Turgot, elle a beaucoup modifié son train de vie. Au Trianon, elle fait moins de fête et lance la simplicité. Pour autant, l’affaire du collier et les trahisons de la Cour ne ramèneront pas la faveur du peuple.
Dans ce cadre, le rôle de Fersen est celui de confident à qui elle peut confier ses peines et ses angoisses. Toujours amoureux, il n’en demeure pas moins prudent. Du reste, les confidences qu’il fait à sa sœur démontrent un homme solitaire dont le père s’acharne à vouloir marier. En 1787, Fersen retourne en Suède pour prendre part à la campagne de Finlande contre la Russie. La reine reste seule sans confident alors que la tempête menace le trône, et que la santé des enfants de France n’est pas bonne. Par ailleurs, on lui attribue le renvoie de Necker et son charme n’opère plus.
Le 5 octobre 1789, Fersen revient en pleine tourmente et écrit à sa sœur en parlant de la reine: elle est extrêmement malheureuse mais très courageuse. Afin de rester à Paris il démissionne et devient l’agent royal pour communiquer avec le dehors. Il prépare une fuite avec beaucoup de minutie, les routes à prendre, les relais…Il s’occupe de la berline, des provisions, des bagages. La famille royale dîna aux Tuileries et puis tout se précipita. La sortie de Paris qui parut interminable. Lors du premier arrêt à Bondy, Fersen quitta l’escorte pour prendre la route vers Mons et préparer la contre-révolution.
La suite, on la connaît, la berline prend du retard. A Clermont, ils ne trouvent pas les dragons qui les ont longtemps attendu. A Varennes enfin, ils sont arrêtés. Pendant ce temps, à Paris, Barnave concocte une constitution libérale. Mais Fersen reste attaché à la monarchie absolue et ne comprend sa démarche. Au contraire, il élabore un nouveau plan de fuite pour sauver celle qu’il aime. Il en fait part à Catherine II et Gustave III. Cette fois, ce sera par la mer, avec l’aide des Anglais.
Mais Louis XVI après Varennes a promis qu’il resterait. Et la reine, elle ne fuira pas avec ses enfants sans le roi. La mort dans l’âme, Fersen quitte les Tuileries. Il ne les reverra plus. L’empereur Léopold meurt à Vienne le 9 mars 1792, et le roi de Suède, Gustave III est assassiné. Le 20 juin les parisiens entrent aux Tuileries et emmènent le roi et la reine au Temple. Fersen veut se tenir à disposition et reste à Bruxelles en refusant de venir soigner son père qui meurt le 24 avril 1794. L’année précédente, le 16 octobre, Marie-Antoinette était exécutée. Fersen ne rentrera en Suède qu’en 1796 où Gustave IV le nommera maréchal su royaume.
En 1810 il prit part aux conspirations qui suivirent la déchéance de Gustave IV. Dans l’émeute populaire qui s’ensuivit, il trouva la mort le 20 juin 1810.