Paul Guillaume marchand d’art

Paul Guillaume est né à Paris en 1891 au domicile de ses parents, rue de Rennes. A la mort de son père, il travaille dans un garage de luxe et se jure d’être un jour à la place des clients. Il fréquente les musées et s’achète une première toile de Chirico our 45 Francs, puis un Picasso pour 50 Francs. Pour l’époque, ce ne sont pas des sommes élevées, juste le prix d’un bon repas.

Du reste, il préférait sauter un repas pour s’acheter une toile. Ce qui intrigua les artistes de la Butte. Un jour, Paul Guillaume se retrouve avec eux au Bateau-Lavoir

Il rencontre Guillaume Apollinaire et l’invite au restaurant. Le poète en profite pour commander du champagne. Paul paie sans rien dire. Accord tacite entre deux hommes. L’un conseillera l’autre dans ses achats. Et le futur collectionneur aidera les peintres en leur achetant leurs toiles.

Paul Guillaume vendra un Picasso pour acheter une statue africaine. Pour cela, il négocie directement auprès des acheteurs du Gabon, du Niger et du Congo.

A 20 ans le collectionneur est de petite taille. Il possède un visage poupin, une fine moustache noire, une expression douce et pensive.

Par ailleurs, c’est un homme secret qui ne parle jamais de lui. Toujours d’une exquise politesse, il préfère écouter les autres. La finesse de ses traits, l’élégance de sa tenue vestimentaire dénoncent un tempérament d’esthète que nuancent ses joues rebondies et son corps un peu lourd. Il déteste les médiocres et la médiocrité et il rêve d’être artiste.

En 1914, il ouvre sa première galerie au 6 rue de Miromesnil en 1914 « près l’Elysée ». La galerie est minuscule et l’installation sommaire mais il a pignon sur rue. Il organise une première exposition consacrée à Larionov et Natalia Gontcharova.

Puis il est mobilisé pour la guerre mais il est réformé pour des raisons de santé.  On ne sait quel mal le rongeait, sans doute une maladie génétique telle l’hémophilie ou l’épilepsie. Une chose est sure, c’est qu’en terme de galerie, la place de Paris demeure vide. Son concurrent Kahnweiler a du s’exiler à cause de sa nationalité allemande et l’État français lui a supprimé sa collection.

Puis il organise une exposition à New York et c’est un succès. Avec l’argent gagné il investit en achetant des toiles de Modigliani, Utrillo, De Chirico, Derain, Vlaminck. Les toiles s’accumulent dans une chambre de bonne qui lui sert d’entrepôt. La cote de certains peintres commence à monter tel Derain dont le classicisme plaît. Mais pour le reste, il a du mal à vendre les toiles modernes.

C’est alors que Paul Guillaume a une idée de génie. Sachant que ses clients hésitent à acheter des toiles modernes pour les mettre dans leur salon de style Louis XV, il court les antiquaires et achètent des lots entiers de cadres anciens.

Arrive alors la clientèle américaine. Cette dernière raffole d’antiquité grecque, romaine, égyptienne. Paul Guillaume trouve des fournisseurs et se constitue une véritable collection.Ainsi, en vendant aux américains des antiquités grecques, qu’il les amène à acheter des toiles d’art moderne.

Un jour il a l’idée de créer une exposition fbg Saint Honoré et comme sa galerie est trop petite il parvient à convaincre les commerçants de mettre les toiles dans leur vitrine. Ainsi l’hôtel Bristol est transformé en musée. Le succès est assuré, les piétons se pressent sur le trottoir à tel point que la police est obligée d’intervenir pour éviter le scandale. Désormais, les expositions dans les rues seront interdites.

En1918, après l’armistice, le marché de l’art reprend le mouvement, les cotes grimpent à des niveaux jamais égalés. Derain, Modigliani et Soutine en profitent. Mais avec la démobilisation les marchands sont revenus sur la place dont Léopold Zborowski entre autre. Ce dernier enlève à Guillaume l’exclusivité de peintres comme Modigliani et Soutine en organisant pour eux des expositions à Londres.

Lorsque Apollinaire meurt de la grippe espagnole en 1919 et deux ans plus tard, Modigliani, usé par l’alcool, la drogue et la tuberculose, les deux hommes qui avaient fait la fortune du marchands laissaient un vide irremplaçable.

Cela n’empêche pas le marchand d’organiser de nombreuses expositions accompagnées de forte publicité. Sa revue Les Arts à Paris permet de faire connaître les artistes d’avant-garde ainsi que tous les mouvements, cubisme au surréalisme. A sa mort en 1934 il aura largement contribué à faire connaître les artistes d’avant-garde.

Paul Guillaume marchand d’art.

 

Véronique Proust