Visiter l’exposition Zadkine Modigliani au musée Zadkine. Cette exposition met en valeur l’amitié des deux artistes au cœur de Montparnasse. L’un restera sculpteur, l’autre deviendra peintre, leur amitié cessera après la Grande Guerre. Mais Zadkine évoquera le peintre dans ses Mémoires.

Les deux artistes sont presque contemporain puisque Modigliani naît en 1884 et Ossip Zadkine en 1888. Ils arrivent à Montparnasse l’un après l’autre entre 1906 et 1910. Modigliani se met à sculpter des têtes ovoïdes d’inspiration grecque et africaine. Son art inspire Zadkine qui apprécie aussi l’art primitif. Il affectionne aussi l’art roman et l’art égyptien qu’il a découvert au British Museum. La tête de femme de 1924 montre combien Modigliani inspire Zadkine dans son dessin ( tête de profil avec chignon, 1912).. De son côté, Modigliani est fasciné par l’art de Brancusi avec qui il noue une véritable amitié.

Alors que Modigliani abandonne la sculpture pour des raisons de santé, l’amitié entre les deux hommes perdure. Modigliani rencontre Béatrice Hasting par l’intermédiaire de Max Jacob. Il réalise plusieurs portraits d’elle qui ont un style résolument sculptural. Son visage ovale repose sur un long cou, ses yeux sont en amande et son nez reste très droit. De même la femme au ruban de velours possède un visage-masque qui évoque les sculptures africaines.

Cependant la guerre de 1914 met fin à la période de fraternité artistique. Les deux artistes tentent de s’engager dans l’armée. Modigliani est réformé d’office à cause de la fragilité de ses poumons. Zadkine , lui, part sur le front mais, victime en 1917 d’une attaque au gaz, il regagne aussitôt Paris. Modigliani peint sans distinction des personnalités de Montparnasse ou des bourgeois fortunés. A partir de 1916 il peint également des nus très sensuels qu’il expose à la galerie Berthe Weill et qui font scandale.

Zadkine peint également des nus mais il reste délibérément sculpteur. Ses nus sont influencés par le cubisme mais dévoilent des corps massifs qui semblent issus d’un bloc de pierre.

En 1918, les deux artistes se revoient puis quittent Paris chacun de leur côté. Zadkine se réfugie dans le Quercy et Modigliani part dans le sud de la France avec Jeanne Hebuterne. A leur retour en 1919 les deux artistes semblent s’éloigner l’un de l’autre. Il y a comme une rupture entre eux. Du reste, Zadkine n’assistera pas aux obsèques de Modigliani en 1920. Pour autant, il évoquera l’artiste à plusieurs reprises notamment dans ses Mémoires. Il le décrira notamment comme un authentique bourgeon montparnassien qui n’a pas duré longtemps.

Car Zadkine et Modigliani auront été des figures phares du monde des « Montparnos ». En effet, dès les années 1910, à leur arrivée en France, les artistes quittent Montmartre pour Montparnasse. On y trouve Max Jacob Chana Orloff Soutine dont Modigliani exécute les portraits à la terrasse des cafés. Il figure Max Jacob en dandy, Zadkine de face, avec les yeux profonds et une frange épaisse qui lui donne des allures de bohème. Lipchitz lui commande même un portrait de lui et son épouse, à l’occasion de son mariage.

Modigliani Zadkine, une amitié interrompue au musée Zadkine du 14 novembre 2024 au 30 mars 2025. Visite possible tous les jours sauf le dimanche et lundi. Renseignements au 01 42 80 01 54