Visiter l’exposition Trompe-l’oeil au musée Marmottan. Le musée Marmottan nous propose une nouvelle forme de peinture de 1540 à nos jours: le trompe-l’oeil. Originale et souvent peu représentée, cette peinture va bien au-delà de la prouesse artistique. En effet, elle sert bien souvent de méditation sur l’illusion des choses.
Au milieu du XVe siècle, les progrès de la géométrie donnèrent l’idée aux peintres de décupler les sensations d’espace. Telle la 3D, mais la peinture se déploie sur un support totalement plat. En effet dès 1434, Van Eyck introduit un miroir sphérique dans son tableau Les époux Arnolfini. Cela donne l’illusion que la scène se prolonge par-devant.
En 1474, Mantegna peignait un plafond en trompe-l’oeil au palais ducal de Mantoue. L’artiste a imaginé une balustrade en pierre s’ouvrant sur un large ciel d’où nous regardent des anges. Ils donnent l’impression au visiteur d’être au fond d’un puits. Il s’agit là d’une formidable prouesse picturale car la fresque se déploie sur un espace plat et fermé.
Par la suite Raphaël, dans la fresque de la Chambre de la Signature au Vatican, fait évoluer les philosophes de l’école d’Athènes dans une grande église ouverte sur le ciel. L’espace se construit à partir d’une perspective géométrique à base de spirales. Et les ombres et lumières suivent cette perspective et crée une formidable illusion d’espace.
On voit bien ici que le grand artiste a compris la leçon de Vitruve. En effet, ce dernier stipule entre autres que la taille d’une personne est égale à 5 fois la mesure du coude au bout de ses doigts.
Pour autant, il rend hommage à Pythagore qui cherche par de multiples traits à cerner la Vérité à travers les traits mathématiques. Mais ses traits ombrageux semblent montrer qu’il ne la trouve pas par le seul biais des mathématiques. Le caractère ombrageux de son visage reflètent son interrogation sur la face cachée de la Vérité qui trouve ses racines dans l’illusion.
On l’aura compris, le trompe-l’œil dans la peinture occidentale trouve ses origines dans une réflexion philosophique face aux progrès scientifiques de la Renaissance.
A partir des années 1540, le trompe-l’œil s’intéresse à des thèmes tels que la vanité, la nature morte, le trophée de chasse, les grisailles ou les porte-cartes.
Au XVIIe et XVIIIe siècle, le questionnement sur l’illusion des choses sera remplacé par une volonté surpassement technique.
Enfin, sous la Révolution Française, le trompe-l’œil aura une signification nouvelle. En effet les artistes en assemblant de façon particulière les objets, créeront des artifices les protégeant de la censure sans pour autant nuire à leur créativité.
Véronique Proust
Visites conférences possibles du 17 octobre au 2 mars 2025, du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00. Renseignements au 01 42 80 01 54