La conjuration des Pazzi. Le 26 avril 1478, dimanche de Pâques, Florence connut un terrible attentat. Les Pazzi, ennemis des Médicis assassinèrent Julien de Médicis pendant la messe. Mais ils ne réussirent pas à tuer Laurent. Cette conjuration ratée renforça le pouvoir de Laurent qui prit durablement les rênes de Florence.
Depuis les années 1450, la famille Médicis domine la Toscane. Mais d’autres familles, comme les Tornabuoni, les Albizi, les Ridolfi jalousent les et aspirent à prendre leur place. Parmi elle, la plus virulente est la famille Pazzi dont les frères sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Le premier, le cardinal Girolamo Riaro veut posséder Florence et l’argent des Médicis. Le second, Raffaelo, plus fin et plus dangereux pense à s’armer pour établir un complot. Ils ont un allié de choix: le pape Sixte IV qui n’a qu’à fermer les yeux puisque d’autres agissent à sa place.
Le projet consiste à gagner à leur cause les ennemis des Medicis et ils sont nombreux dans la ville. Ce sont des bourgeois aux sentiments démocratiques, qui ne supportent pas la puissance dominante de Laurent de Médicis. En revanche, Laurent et son frère Julien sont très aimés du peuple. Pour rassurer ses alliés, Girolamo Riaro affirme que pendant qu’on assassinera les deux frères Médicis dans leur palais, une armée étouffera la rebellion populaire. Nous sommes en 1478. Girolamo a fait appel à un tueur de renom: Montesecco.
Si Laurent se méfie de tout, Julien lui, garde l’insouciance de la jeunesse. Il sort sans armes et sans cuirasses car il sait que les Florentins l’aiment. C’est un être léger et charmant qui se préoccupe d’amour, de tournoi et de danse. Laurent propose au cardinal Girolamo Riaro de venir déjeuner chez lui le 25 Avril. La table dressée est somptueuse, le cardinal venu de Rome avec valets, pages et ecuyers est assis entre Laurent et une place vide réservée à Julien. Dans les couloirs du palais Medicis, tout est prêt pour le complot. Mais Julien ne vient pas, car il est malade.
Le cardinal cache sa déconvenue par un sourire. Mais il sait qu’il faut avoir tuer ensemble les deux Medicis faute de quoi le complot échouerait. Laurent lui fait visiter ses collections mais comme il n’a pas le temps de tout voir, il lui propose de revenir déjeuner le lendemain. Tout s’arrange à merveille mais le lendemain, Julien est toujours malade. Girolamo Riaro a alors une toute autre idée: il reproche à Julien son impiété et le convoque à la grand-messe de midi. Julien, blessé à la jambe, hésite, puis accepte à condition qu’il puisse se recoucher aussitôt.
Quand Girolamo Riaro confie son projet à Montesecco, le tueur refuse aussitôt: pas question de commettre un meurtre dans une église. Deux prêtres sont alors d’accord pour le remplacer, sachant qu’ils sont protégés par le pape. Entrent alors dans la cathédrale un grand nombre de florentins, les Pazzi et les Médicis. Il y a tant de monde que la foule sépare les deux frères isolés par les complices des Pazzi. A l’Eucharistie tout le monde s’incline et s’agenouille, et tout à coup une tête tombe: celle de Julien. Les deux prêtres n’ont pas l’habitude de cette sinistre besogne. Si bien que Laurent profite de leur moment de sidération pour s’élancer vers la sacristie. Pendant ce temps, Bernardo Bandini achève Julien en le rouant de 17 coups d’épée.
Les amis de Laurent, Ridolfi et Nori, l’accompagnent alors que les meurtriers les poursuivent. Nori se sacrifie, se jette dans le groupe ennemi et reçoit les coups d’épée destinés à Laurent et meurt. Pendant ce temps, la foule se précipite vers la sortie en hurlant, alors que des cadavres jonchent le sol. Les amis de Laurent l’enferment dans la sacristie et se collent à la porte pour qu’elle ne tombe pas sous les coups ennemis.
Pendant ce temps, l’archevêque Saviati amis des conjurés et pris d’inquiétude, demande à être reçu au palais public. Le gardien, Petrucci, leur annonce que la seigneurie est en conseil. Mais comme l’archevêque insiste tant, qu’il lui ouvre la porte et l’enferme dans la salle du conseil, vide. Puis la terrible rumeur vient de la cathédrale: « on a tué les Medicis! Salviati comprend alors ce qui se passe et fait tuer l’archevêque et ses complices. Et l’on pend leurs corps aux fenêtres du palais public.
Les Pazzi et les conjurés déferlent dans les rues aux cris de « liberté!! ». Alors les partisans des Médicis reviennent chez eux en hâte et s’arment. Pendant qu’on emporte le cadavre de Julien, Laurent quitte la sacristie et revient dans son palais. Un seul homme reste dans la cathédrale, Girolamo Riaro, qui attend d’être arrêté. Ce qui se fit quelques minutes plus tard. Une escorte l’amena au palsi Médicis où le prince reçut son assassin avec clémence. En revanche, on arrêta tous les conjurés. Francesco Pazzi, son fils et ses neveux furent tués. On épargna seulement Guglielmo car il était beau-frère de Laurent. On tortura les deux prêtres maladroits et Montesecco mourut avec eux.
Quant à Bernardo Bandini, il reussit à s’échapper de Florence, gagna Venise et embarqua pour la Turquie. Mais arrivé à Constantinople des marchands florentins, mis au courent de l’attentat, le reconnurent et l’arrêtèrent. Le sultan, trop content de montrer son amitié à Laurent fit emprisonner l’assassin que l’on exécuta peu de temps après.
Le peuple réclama les corps de tous les conjurés mais aussi ceux de leur famille. Laurent tenta de réduire ce fanatisme en appelant à la modération. Cette grandeur d’âme toucha les Florentins qui considérèrent Laurent comme leur vrai mâitre. A cela s’ajouta la grande peine provoquée par la mort du bien aimé Julien.
On peut dire que cette conjuration ratée servit à Laurent de Médicis. En effet, son avènement devint aux yeux des Florentins une véritable nécessité. Elle conforta le pouvoir de Laurent et changea durablement l’histoire de Florence.
Véronique Proust