Caroline Murat une princesse ambitieuse. La plus jeune sœur de Napoléon intrigua toute sa vie pour avoir le pouvoir. Avec son mari Joachim Murat, elle régna sur Naples. Mais son ambition l’aveugla tant qu’elle ne sut faire face à la révolte des Napolitains en quête d’indépendance.
Caroline Bonaparte naît en 1782. Elle était la plus jolie de la fratrie et sans doute la plus intelligente. Décidée, délurée, presque envahissante, elle s’adapta très vite au train de vie que lui offrait son frère et qui lui convenait parfaitement. C’est au cours d’un bal qu’elle rencontre Joachim Murat qui la séduit par sa prestance. Mais elle est envoyée chez Madame Campan chargée de l’éducation de tous les princes de France. Mais elle obéit sans cœur et devient une bien piteuse élève.
En effet, on lui oppose la jeune Hortense de Beauharnais qui, elle, réussit tout, peint et chante à merveille. Si bien qu’elle finit par nourrir vis-à-vis d’elle la plus grande antipathie qu’il se doit. Or dans la nuit du 18 Brumaire, elle apprit que son frère avait fait un coup d’Etat, aidé par le galant Murat qui fait figure de héros. Dès lors, elle n’aura de cesse que d’assurer son mariage avec lui. Ca n’est pas le projet de Napoléon qui souhaite la marier à Moreau. Mais l’intervention de Joséphine fera changer l’avis de l’empereur et on célébrera le mariage en 1800.
Dans le contrat, Murat déclare avoir 12 000 francs et Caroline reçoit 40 000 francs de son frère. Le couple s’installe dans l’hôtel de Thelusson rue de Provence. Mais il possède aussi une propriété à Neuilly. Là, Caroline reçoit une cour assez brillante à l’image de son ambition. Mais à l’avènement de l’Empire, on stipule que les héritiers directs de Napoléon seront Joseph ou Louis Bonaparte. Caroline exulte et s’évanouit à cette annonce devant l’empereur. Ce dernier s’attendrit et déclare alors que ses sœurs porteront le titre d’altesse impériale.
Dès lors Caroline se sent égale aux Beauharnais, voire supérieure. Sa jalousie est extrême, surtout quand sa sœur Elisa devient princesse de Luques. Napoléon qui apprécie son énergie et son intelligence toute familiale la fait grande duchesse de Berg. Mais Caroline n’aime pas le bas-Rhin et considère que si Napoléon disparaît lors de la campagne de Pologne, son mari pourrait être un très bon successeur. Pendant ce temps, Murat qui combattait en Espagne, rêvait de la couronne ibérique. Mais c’est Joseph qui la reçut.
Que de déceptions pour ce couple ambitieux !
C’est que Napoléon, Talleyrand et surtout Fouché savent bien que le couple est prêt à tout complot. Ainsi l’empereur le nomma roi de Naples pour l’éloigner de Paris, en lui signifiant que cette couronne appartenait aussi à sa femme. Caroline règne alors en mêlant habilement l’amour et la politique. Elle devient ainsi maîtresse de Metternich qui lui donne des renseignements sur l’Autriche en échange d’informations sur l’Empereur. Puis elle est la maîtresse de la Vauguyon, aide de camp de son époux qui du reste, ne partage plus son lit napolitain.
Caroline intrigue constamment et son mari la surveille constamment et finit par la séquestrer. Mais Caroline a toujours l’oreille de Napoléon qui la prie en 1811 d’être la marraine du Roi de Rome. Pour autant, les Napolitains rêvent d’indépendance et promettent la couronne à Murat qui prend des mesures hostiles aux Français. Caroline au courant de ce revirement apprend également qu’à Paris la police de Fouché vient d’arrêter le chambellan de Murat. Des lettres découvertes dévoilent un chapelet de scandales que l’envoi de Murat sur la campagne de Russie arrive à contenir. Alors Caroline règne seule enfin à Naples, ce qui affole son époux. Aussi ce dernier abandonne les troupes françaises de Russie pour revenir dans son royaume en vainqueur.
Le désastre de Russie et la trahison ébauchée de Murat prend forme. En effet, conscient de la fragilité de l’empereur il entame des négociations secrètes avec l’Autriche et l’Angleterre. Puis il s’empare de l’Italie alors en pleine émeute mais il est battu. Caroline de son côté, tente de négocier avec les Anglais. Mais à la défaite de l’empereur en 1815, elle capitule et les Anglais l’emmènent à Trieste. Au même moment, Murat tombait sous les balles du Calabrais au Pizzo.
Caroline reste en résidence surveillée dont on la libère qu’à la mort de Napoléon. Elle mourra à Florence en 1839 des suites d’un cancer du foie.
Caroline Murat princesse ambitieuse
Véronique Proust