Lorenzo Lotto peintre vénitien. Ce peintre né à Venise en 1480 a pourtant réalisé presque toute sa carrière ailleurs. En effet on le voit d’abord à Trévise, puis Rome et Bergame. Influencé d’abord par Bellini, il se nourrit aussi des avancées de plastiques de Dürer. Son passage à Bergame marquera aussi les peintres de cette ville dans les grands retables comme dans les tableaux privés.
Lorenzo Lotto est né à Venise vers 1480. Il y suit sa première formation artistique. Ainsi, ses premières œuvres s’inspirent du style de Giovanni Bellini. Mais il aurait pu aussi se former auprès d’Alvise Vivarini. Vers 1500, craignant sans doute la concurrence du jeune Tintoretto, il quitte Venise pour Trévise. Mais la vraie raison de son départ est sans doute la commande du triptyque de san Domenico pour l’église san Domenico à Recanati.
A Trévise, l’évêque de la ville Bernardo de Rossi, devient son protecteur. Le portrait de ce dernier le présente dans une veine réaliste, en buste et de trois-quart. L’artiste a rendu avec justesse et élégance les aspérités et rougeur de la peau de l’évêque. Mais le visage n’en garde pas moins une grande fermeté plastique qui n’est pas sans rappeler l’art d’Antonio da Messine. La cape rouge ondule dans une lumière toute vénitienne.
Le modèle tient dans sa main un parchemin et une chevalière ornée d’un lion, emblème de sa famille. A Trévise il va également se familiariser avec les portraits, mais aussi au goût allemand diffusé par les gravures de Dürer.
En effet, le polyptyque san Domenico montre son intérêt pour la gravure et la structure des visages. Les personnages sont vivement expressifs et possède une plastique d’un réalisme quasi photographique. Cette œuvre inaugure la fin de son apprentissage et l’on voit qu’il est en pleine possession de ses moyens. Dans son portrait du jeune homme à la lampe de 1506, on retrouve cette même fermeté plastique à laquelle il a ajouté une réelle expressivité. L’influence de Dürer se trouve aussi dans le tableau de la Vierge à l’Enfant entre deux saints de la galerie Borghèse. En effet, la composition de la toile se rapproche de la toile Jésus chez les Docteurs réalisée en 1506. Cependant la Vierge dans son expression sobre et voile d’un bleu profond, se rapproche des vierges de Bellini.
Deux ans plus tard, en 1508, le pape Jules II fait venir Lorenzo Lotto à Rome pour décorer les chambres de son appartement du Vatican. Il y travaille sans doute avec Raphaël . Mais il n’est pas certain qu’il ait eu d’aussi grands chantiers que Raphaël. La modernité de son style aura -t’elle fait peur au pape ? Toujours est-il qu’il quitte Rome en 1511 pour ne plus y revenir. Il va sans dire que les mécènes sont nombreux en Italie à cette époque et la concurrence est très forte.
Lotto se déplace alors de ville en ville, commence par les Marches puis Bergame. Là, il approfondit sa connaissance des maîtres allemands comme Hans Holbein tout en gardant ses influences romaines et florentines. C’est là qu’il réalise ses plus belles œuvres comme le retable Martinengo. Bien qu’on y perçoive une influence de la Sainte Conversation de Bellini, l’oeuvre est impressionnante dans son originalité. Les saints sont inégalement disposés de chaque côté de la Vierge. Au dessus d’elle, un dais abrite deux anges tenant phylactère dans un raccourci de grand brio.
Cette œuvre qui a du marquer les Bergamois est à l’origine de commande d’autres retables tels le retable du saint Esprit. Mais Lorenzo Lotto réalise aussi plusieurs tableaux privés de dévotion. C’est le cas de Suzanne et les vieillards réalisé en 1517. L’artiste montre qu’il est toujours attaché à la narration et au genre du gothique international. Il n’en réalise pas quelques fresques tels celles de la chapelle Suardi près de Trescore. Il reste toujours attaché à la narration.
En 1529, l’artiste tente néanmoins de revenir à Venise mais il trouve de l’hostilité. On lui reproche de ne pas avoir les belles couleurs du Titien. Cela le poussa à garder de bonnes relations avec sa clientèle des Marches qui gardait confiance en lui. Mais à Titien, Lotto, s’est imposé progressivement comme excellent portraitiste.
Lorenzo Lotto peintre vénitien.
Véronique Proust