Portrait de Clément VII par del Piombo. Il s’agit de Jules de Médicis devenu pape sous le nom de Clément VII et ce portrait date de 1526. Son buste est tourné vers la droite et sa tête vers la gauche. Sa silhouette se détache sur un fond sombre avec une grande vigueur sculpturale. Par ailleurs, son corps semble se déployer au point de dépasser les limites de la toiles. L’artiste déploie sur son manteau une lumière moirée qui rend à merveille l’effet de velours. Et cette recherche lumineuse dans un décor nocturne est une marque de fabrique des peintres vénitiens tels Tintoret et Greco. Chez Sebastiano del Piombo, cette recherche lumineuse particulière le range auprès des grands peintres réalistes du XVIIe siècle.
Clément VII, neveu de Laurent de Médicis a d’abord été cardinal de Narbonne. Son élection à la papauté a fait l’objet de fortes négociations, le propulsant à un poste de grande importance. En effet, peu préoccupé par la théologie, il s’est surtout inquiété de l’ambition de Charles Quint. Aussi a-t’il crée la Ligue de Cognac, alliant la France, Venise et Florence contre l’empereur. Ce dernier se venge en pillant la basilique saint Pierre obligeant Clément VII à négocier la paix et licencier ses troupes. En riposte ces dernières saccagèrent Rome pour se rétribuer en 1527.
Deux ans plus tard, l’empereur 1529 semble s’être rapproché du pape qui accepte de le couronner à Bologne. En revanche Clément VII refuse d’annuler le mariage d’ Henri VIII avec Catherine d’Aragon. Il rappelle l’indissolubilité du mariage catholique et Henri VIII crée l’Église anglicane. Ses positions fermes lui ont valu de nombreux ennemis, au point que sa mort subite (provoquée par un champignon) fait encore débat.
On retiendra aussi un grand mécène qui a fait revenir les artistes après le sac de Rome. Ce qui fut le cas entre autres, du Rosso, du Parmesan et de Sebastiano del Piombo.
Sebastiano del Piombo ( Sebastiano Luciani) est d’abord connu sous le nom de Veneziano à cause de sa ville d’origine. Il se forme sans doute auprès de Giorgione. Il se fait assez vite connaître comme portraitiste. A ce propos, Vasari témoigne de son talent en évoquant des portraits « tout en finesse et en qualité ». Sa spécialité est d’avoir souvent recours aux mouvements opposés des bras et de la tête. Et cela donne beaucoup d’ampleur à ses portraits.
Est-ce l’ombre du Titien qui l’oblige à quitter Venise pour Rome en 1511 ? Il y restera jusqu’à la fin de sa vie. Là, il se lie avec Michel-Ange et admire les plafonds de la chapelle Sixtine. Il découvre également Raphaël. Il entre en concurrence avec lui pour deux tableaux de la cathédrale de Narbonne que commande Jules de Médicis. Puis il entre au service des Farnèse. Il réalise une série de fresques de leur villa de Chigi tirées des Métamorphoses d’Ovide. En souvenir de Michel Ange il y ajoute une grande figure de Polyphène dont le traitement anatomique rappelle le grand maître.
A partir de 1520 et après la mort de Raphaël, on le considère comme l’un des plus grands peintres de Rome. La Tranfiguration qu’il réalise dans la chapelle Borgherini en témoigne. Mais le sac de Rome en 1527 met fin aux grandes commandes de la Renaissance et à la confiance des mécènes. En 1531 il acquiert de poste de « Piombator » qui consiste à sceller avec du plomb les documents pontificaux. Il prend alors le surnom de Sebastiano del Piombo. Vasari nous dit qu’il cessa d’être un bon peintre à partir de ce moment. Mais il continue à peindre des portraits même après sa rupture avec Michel Ange. Une chose est sûre, c’est qu’il travailla presque entièrement pour le pape jusqu’à sa mort en 1547.
Portrait de Clément VII par del Piombo
Véronique Proust