Pissaro le père des impressionnistes fait figure de grand ainé de la peinture moderne. Amoureux de la petite touche prête à capter la lumière et l’es effets de l’atmosphère, il révolutionna la peinture de plein air.
Pissaro naît en 1830 à Saint Thomas dans les Indes Danoises et passe sa jeunesse sur l’île avant de partir à 12 ans pour la France. Il continue ses études à Passy où il apprend le dessin. Après un séjour au Vénézuela, il s’inscrit aux Beaux-Arts de Paris en 1855 et commence sa carrière d’artiste. Il se revendique alors clairement comme un élève d’Antoine Melby et de Camille Corot. Pourtant ses premières toiles se rapprochent plutôt de Daubigny. En effet, ses paysages sont naturalistes, pris sur le motif en plein air et retravaillés en atelier. Comme Daubigny, il utilise d’abord des couleurs sombres qu’il saupoudre ensuite de couleurs claires. Ce procédé sera plus tard utilisé par les impressionnistes.
A Paris, il se lie avec Claude Monet. Mais si la capitale française stimule l’artiste, elle fatigue l’homme. Les conditions précaires en tant que locataire désargenté le pousse à déménager souvent. Si bien qu’il peine à trouver une stabilité. A partir de 1868 il s’installe à Louveciennes et peint de magnifiques paysages qui reçoivent de bonnes critiques. La même année il découvre Pontoise et marquera durablement la ville par ses paysages urbains. Il abandonne progressivement sa technique pointilliste pour peindre avec une matière plus grasse. Ainsi ses effets de neige mélangée à la terre imprègnent la toile d’une teneur plus poétique. En 1870, il fuie la guerre et se réfugie à Londres avec sa famille. Il y rejoint Monet et Durand-Ruel.
Mais à son retour à Louveciennes, son atelier a été saccagé et de nombreuses toiles disparaissent à cette occasion.Mais il continue à peindre et s’intéresse aux effets des saisons, aux ambiances et aux impressions d’hiver ou d’été. Des soixante-dix toiles de Louveciennes qu’il réalise alors, nombreuses sont celles qui traitent des effets lumineux de la neige en hiver. Les personnages s’intègrent aux paysages et deviennent de discrètes silhouettes silhouettes harmonieuses. En 1872 Cézanne vient peindre à ses côtés. Les deux hommes confrontent leur vision du motif à travers leur peinture et s’influencent mutuellement.
Puis Pissaro, Monet et Caillebotte décide de réunir leur peinture en 1874 pour une grande exposition. Ils y convient d’autres peintres impressionnistes. Ce sera la première exposition de ce groupe. A cette occasion, Pissaro présente sa toile Gelée blanche à Ennery. Le sujet, un champ labouré est d’une grande simplicité. Mais Pissaro s’est surtout concentré sur les effets de la gelée, au point qu’un visiteur a cru que ses lunettes étaient sales…
En 1883, ce sera au tour de Paul Paul Gauguin de venir peindre avec Pissaro qui l’encouragera beaucoup. Il partagera aussi avec lui ses idées anarchistes. Au début de l’année 1886, Pissaro accompagné de son fils ainé Lucien rend visite à Georges Seurat. Ce dernier lui montre sa toile un « Dimanche après mid à la Gande jatte » qui est le manifeste du néo-impressionnisme. Pissaro découvre ce mélange optique et adhère à la révolution commencée par Seurat dès 1887. Puis, par peur de systématiser ce genre dans son œuvre, il l’abandonne progressivement.
Les dernières années de sa vie, Pissaro peindra à Rouen. L’artiste est fasciné par cette ville aux multiples facettes. Il peint à la fois le quartier historique mais aussi les ponts de la Seine. Là, il s’intéresse aux fumées des bateaux et à l’impression atmosphérique de la ville. Parallèlement, l’hiver, il loue une chambre au grand hôtel du Louvre et peint depuis sa chambre ce qu’il voit de sa fenêtre.
Il y réalise plusieurs vues de la place en contre-plongée. De multiples petites touches contribuent à insister sur l’effervescence de la place, des calèches et des piétons qui la traversent. Elles permettent aussi de reproduire les harmonies et les couleurs spectrales du soleil. L’artiste louera ensuite un appartement boulevard Morland où il mourra entouré des siens en 1903.
Pissaro le père des impressionnistes.
Véronique Proust