Les décors impressionnistes conférence. L’histoire des décors impressionnistes est un pan peu connu de leur histoire. En effet, ces artistes ont surtout représenté des portraits, natures mortes et de nombreuses scènes de plein air. Dans ces dernières, les fleurs ont toujours été à l’honneur. Mais entre le tableau de chevalet représentant des fleurs en plein air, et le décor floral, il n’y a qu’un pas. Certains artistes tels que Renoir, Caillebotte ou Monet ont commencé à braver cette frontière. Elle leur permettait d’un côté d’expérimenter d’autres sensations picturales, tout en tentant d’élargir leur clientèle.
Cette démarche s’explique par le fait qu’en dépit des grandes commandes d’État, très peu de nos artistes furent favorablement accueillis. En effet, la Troisième République cherchait de la peinture d’histoire marquant les grands faits de l’histoire de France. Et dans ce cadre, les impressionnistes qui privilégiaient la lumière et les impressions données par les tons changeants n’avaient pas leur place .
Il leur restaient donc pour tout autre interlocuteur que les commanditaires privés, industriels ou grandes familles aisées. Ce sont pour eux que Monet et Renoir vont commencer à travailler dès les années 1850. Les thèmes sont souvent liés aux Saisons, à l’instar du grand décor des saisons de Puvis de Chavanne à l’hôtel de Ville. Mais la ligne entre la grande nature morte lumineuse et vibrante et le motif décoratif à base de fleurs et de saisons est toujours ténu. Cézanne lui-même, au Jas de Bouffan, crée un décor constitué de grandes figures ingresques. Et cel lui permet de fixer l’attention sur la figure et non sur la fleur.
Pour Pissarro, le paysage traité en panorama avec des distinctions de lumière peuvent faire figure de dessus de porte donc de tableau décoratif. Pour la salle à manger de Gustave Arosa, il crée 4 toiles allongées. Elles lui permettent de mettre admirablement en valeur la lumière changeante des saisons. Mécène privé donc, qui sert d’exemple à Camille Hoschedé qui aimera la peinture impressionniste jusqu’à s’en ruiner.
Après avoir commandé de magnifiques paysages à Manet ou Sisley, il se tourne vers Monet. Ce dernier a la curieuse idée de représenter les dindons de son parc, en contrebas, face à son château de Montgeron. Le résultat est surprenant et n’aurait jamais pu se faire dans un contexte de peinture d’atelier sur chevalet.
A quelques kilomètres de Montgeron, Caillebotte possède aussi une belle demeure familiale. Il y goûte avec ses amis et cousins aux joies de la baignade et du canotage. Occasion inouïe pour décorer les murs de sa maison, sans ennuyer personne, de tapis de fleurs et de scènes de pêche et baignade. Là, la transparence de l’eau reflète la verdure des arbres et des forêts. Caillebotte représente des hommes dans la barque au milieu de l’eau. Monet se mettra dans la barque et représentera l’eau.
Ainsi avec Monet, la peinture décorative deviendra peinture tout court. Avec ce supplément d’âme qu’elle deviendra aussi sujet de méditation.
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