Les Parisiens sous Napoléon. Paris a encore des allures médiévales avec des reues étroites et salles. Pour autant, les Parisiens aiment leur vie. Ils habitent dans des appartements peu confortables mais qu’ils apprécient. Ils font la cuisine, se chauffent comme ils peuvent. Mais que ce soit le mobilier à l’Antique ou le costume plutôt rigide, tout est dans un esprit militaire
La capitale qui comptait 600 000 âmes sous l’Ancine Régime est tombée en 1804 à 580 000 habitants. Mais la population de Marseille ou Lyon à la même époque ne compte que 100 000 habitants. La ville a gardé encore son allure de vieille cité avec ses maisons basses et ses rues étroites et souvent obscures. Et lorsque le Premier Consul commence à s’intéresser à Paris, en dépit de la place de la Concorde et du faubourg saint Germain, Paris garde cependant la même allure qu’à la fin du XVIe siècle. Et ce qui lui manque, c’est de l’air et de la lumière.
Pour exemple, certaines rues sont si étroites qu’on pourrait de sa voiture toucher le bras tendu le mur des immeubles. Il n’y a que les « boulevards », la rue Impériale et la rue Saint Antoine qui disposent d’une largeur convenable. Par ailleurs, les rues de Paris sont très sales et il ya très peu d’égouts. De plus, on y abat les bêtes de boucherie et le sang coule à flot.Il n’y avait qu’une soixantaine de fontaines qui étaient souvent à sec. Les trottoirs en 1800 n’existaient pas. Mais comme nombre d’Anglais louaient les bienfaits des trottoirs à Londres, Napoléon en fait faire à Paris.
Puis il y a le problème de l’éclairage. Pourtant Philippe Lebon qui a découvert l’éclairage au gaz en 1780. Et Carcel s’en tient pour l’éclairage à la misérable lanterne se balançant au bout d’une corde. En ce qui concerne la circulation, seuls les avocats, médecins, hommes d’affaire et négociants possèdent un cabriolet. La calèche ou la berline ne sont réservées qu’au voyage. En tout cas il fallait à ces voitures un solide ressort. En effet, les pavés de Paris étaient si bombés qu’il fallait cercler de fer les roues pour les protéger.
Pourtant les parisiens sont si attachés à leur ville qu’ils ne se plaignent pas. Ils sont attachés à leurs magasins qui sont le plus souvent en entresol. Ce sont des magasins de mode, de frivolités et d’alimentation que le monde entier admire. Quelque soit le milieu social qui différencie le bourgeois de l’ouvrier, ils ont en commun le fait qu’ils soient « parisiens ». Au-dessus des boutiques, habitent au premier les gens riches et au second les gens aisés. Puis au troisième les salariés, au quatrième les ouvriers et au dernier étage les pauvres.
L’appartement bourgeois s’ouvre sur une pièce souvent dallée de carreaux blancs et rouge. Elle sert à la fois d’antichambre et de salle à manger. Elle donne accès au salon qui lui-même donne accès aux chambres. Point de salle de bain ni de cabinet de toilettes. Il n’y a qu’une obscure penderie derrière l’alcôve dans lequel se trouve un mince lavabo. Il n’y a que madame Hamelin qui se fera aménager une véritable salle de bain dans son hôtel de la rue d’Hauteville.
Tous ces intérieurs manquent de confort. L’éclairage et le chauffage sont plutôt médiocres. L’écalirage des pièces de réception se fait au mooyen de lampes à pompe allumées par des briquets. Pourtant l’allumette est inventée en 1809 mais on la juge encore trop dangereuse. Pour le chauffage, on se sert du bois, mais à vrai dire, on gèle dans ces appartements de Paris !
Or les Parisiens aiment cuisiner. En 1812 on prend 4 repas par jour. Le matin, vers 7 heures, un café, un thé. Mais il faudra bientôt renoncer au café à cause du blocus. A 10 heures, on fait une sérieuse collation, « un repas à la fourchette » fait de viande, œuf, beurre et dessert. Le dîner se servait à deux heures. Mais après la Révolution on déjeune à 11 heures et on dîne à 5 heures. Le dîner est le repas le plus important de la journée car il comprend 6 plats solides. Après quoi on joue aux cartes ou l’on fait de la lecture ou de la musique.
Le décor intérieur est essentiellement à l’Antique et les meubles sont peu confortables et peu propices au délassement. On s’en plaint au pied d’accueillir avec joie la magnifique invention des meubles à ressort. Ce sont désormais des meubles élastiques qui ne s’affaissent jamais.
La mode vestimentaire change aussi, mais les robes ne font que s’alourdir de tresses, de galons ou de collerettes. Désormais toutes les dames de Paris, de la bourgeoise à la boutiquière veulent son châle des Indes. S’en est fini des robes « libres » et le corset refait son apparition.
Quant aux chapeaux, ils sont l’accessoire numéro un de la tenue vestimentaire. A commencer par la capote, qui auréole le visage. Mais si les cheveux courts avaient primé à la fin de l’Ancien Régime, ils redeviennent longs à la fin de l’Empire et on les dresse sur la tête en pain de sucre. Le couturier Leroy fournit toutes les cours napoléoniennes, il impose sa mode. C’est lui qui réalise le costume du sacre. Et lorsqu’on regarde le tableau deJacques Louis David Le Sacre, c’est une débauche de soie et de velours.
Quant à Chevalier ou Léger, ils ont créé un costume très gênant dès 1805. En effet, tout est engoncé. Le col monte très haut et frotte les bas joues. Les chemises sont ornées de cravates à double ou triple tour. Le pantalon très large, s’enfouie dans les bottes. Le tout donne aux hommes de l’Empire une allure très militaire. Car tout est au militaire.