Le Testament de Marie Antoinette.
Si Louis XVI a laissé un testament , Marie-Antoinette, elle, n’a laissé qu’une lettre. La déception fut telle qu’après sa mort, plusieurs faux testaments circulèrent, jetant le trouble sur l’authenticité de la lettre.
Peu de temps après la mort de la reine, une certaine Charlotte Atkyns prétend posséder le testament de Marie Antoinette. Mais,sous des aspects vertueux et discrets, la jeune femme s’avère très vite être une aventurière. En effet, prétendant avoir échappé aux massacres de septembre et fort marquée du désatre, elle, s’était réfugié en Angleterre. Puis, selon ses dires, elle avait pris pitié de la reine et lui avait rendu visite au Temple, à Paris. Elle lui aurait alors proposé de s’éavder sous son propre déguisement. la reine lui aurait alors remis son testament.
Mais après enquête, la jeune femme ne fut jamais en mesure de montrer la lettre. De plus, en 1793, elle était outre Manche et n’en est jamais sorti.
Un autre témoignage tout aussi faux que le précédent réside dans le très farfelu testament de la reine écrit par Regnault-Warin. Ce testament connu sous le nom Cimetière de la Madeleine fait parler la reine en des termes quasiment grotesques…J’invite ma fille à répéter quelques fois sur son piano la romance que j’ai composée sur la fin tragique de son père. Les pleurs que je répandais en la traçant, ceux que je versais en la chantant, ne furent point sans quelques douceurs…
Par ailleurs, dans ce testament, la reine évoque son frère en tant qu’empereur d’Allemagne alors que c’est son neveu depuis 18 mois.
En 1816 l’ex-conventionnel Courtois, qui s’était rallié à Napoléon, tombe sous le coup de la loi qui condamne les régicides à sortir de France. Pour se tirer d’affaire, il profita d’une saisie d’un de ses brigadiers d’une caisse pleine de papiers datant de la Révolution. C’était en fait un véritable trésor qui contenait des lettres écrites par Marie-Antoinette. Une première lettre d’elle s’adresse à sa fille lors de son arrivée à la Conciergerie. Elle la rassure en lui disant qu’elle se porte bien.
Dans une autre lettre, elle sollicite un délai pour que sa défense puisse bien étudier son dossier. Enfin, une autre lettre est celle qu’elle adresse à madame Élisabeth après la sentence. Courtois espère obtenir la clémence de Louis XVIII. Mais on le détrompe et de guerre lasse, il quitte la France pour mourir quelques mois plus tard à Bruxelles.
La lettre adressée à Madame Elisabeth doublait trop bien le testament de Louis XVI, ce qui fit tiquer Louis XVIII. Cependant, il accepta qu’on la lise à chaque anniversaire de la mort de la reine, soit le 16 octobre. Cette lettre, dans laquelle la reine proclame qu’elle n’a manqué à aucun de ses devoirs de souveraine est aujourd’hui aux Archives Nationales et est considéré comme son testament.
Mais dès sa publication, les défenseurs du Cimetière de la Madeleine de Regnault-Warin se justifièrent. En effet ils défendirent qu’il ne s’agissait que d’une lettre et non d’un testament. Par ailleurs, des bonapartistes accusèrent Louis XVIII d’avoir fabriqué une fausse lettre à des fins politiques. Ce qui reviendrait à dire que la lettre adressée à madame Élisabeth est un faux fabriqué par les services secrets de Louis XVIII.
En 1841 le comte d’Allonville publie les Mémoires secrets et démonte la lettre de Marie Antoinette. En effet, il la juge trop proche stylistiquement du testament de Louis XVI. Par ailleurs, il se demande qui a pu fournir du papier et de l’encre à la reine cette nuit du 16 octobre à 4 heures du matin.
Ces accusations sont assez légères, puisqu’on fournissait papier et encre à la Conciergerie. Et particulièrement aux prisonniers « de marque ». Par ailleurs, l’esprit du testament de Louis XVI était l’esprit de tout souverain de son temps. Mais cela ne nous amène pas pour autant à justifier l’authenticité du testament de la reine.
En effet, si l’on se penche sur l’activité du dénommé Courtois, on a tout lieu de douter du testament. En effet, après avoir voté la mort du roi, Courtois se réfugia à Rambluzin où il mena une vie de campagnard. De vastes terres entourraient sa maison, très confortable. Aussi, peut-on se demander comment cet écrivain de la Révolution qui fit un peu de politique obtint sa fortune.
On sait qu’il déroba deux pianos forte ayant servi à la reine lorsqu’il fut chargé de l’inventaire du château. Par la suite, on démontra qu’il était devenu expert en écriture et en falsifications de pièces judiciaires. En effet, ayant provoqué un procès contre un adversaire qui lui aurait dérobé de l’argent, il fabriqua 4 lettres justifiant son accusation. Mais il fut démasqué tout en obtenant un non lieu.
Il n’en demeure pas moins un faussaire averti. Ce qui jette une ombre de doute sur l’authenticité du testament de la reine.
Véronique Proust